"Les Français vivent de moins en moins à crédit": pourquoi la part des ménages détenant un crédit est au plus bas depuis 35 ans

Le rachat de crédit est une solution pour financer un projet de rénovation énergétique. - Getty Images
Les ménages détenant un crédit étaient toujours moins nombreux en 2024, selon un rapport publié mercredi, et leur proportion a même atteint son point le plus bas depuis 1989, à 41,9%, dans un contexte d'attentisme qui pèse sur les décisions d'achat des Français. Sur une longue période, la proportion des ménages détenant un crédit est en baisse quasi constante. Elle est ainsi passée de près de 53% en 2008 à moins de 42% l'année dernière.
La baisse de détention de crédit s'est accéléré depuis la crise sanitaire. Il a ainsi reculé de plus de 5 points depuis 2019. Il était cette année-là encore supérieur à 47% de la population.
L'Observatoire des crédits aux ménages (OCM), chargé de la rédaction du rapport pour la Fédération bancaire française et l'Association française des sociétés financières, distingue les crédits à la consommation des crédits immobiliers, qui connaissent deux dynamiques différentes.
Le taux de détention de crédits immobiliers s'est "stabilisé", à 29,7%, tandis que celui des crédits à la consommation est descendu à 19%, en baisse pour la sixième année consécutive, soit "son niveau le plus bas constaté par l'Observatoire depuis 1989".
Les crédits à la consommation servent en général aux ménages à acquérir des biens d'équipement (une voiture dans la moitié des cas), mais aussi à effectuer des travaux d'amélioration du logement (dans près de 15% des cas).
Un million de ménages en moins depuis 2020
Le recours au crédit à la consommation diminue depuis quelques années. Sous l'effet d'un meilleur encadrement règlementaire depuis la loi Lagarde de 2010 mais aussi d'un ralentissement du marché immobilier et de la rénovation ainsi que de l'automobile.
Au total, depuis 2020, plus d'un million de ménages en moins sont détenteurs de crédits. Une diminution qui se fait "à un rythme soutenu et en outre plus rapide que celui constaté durant de précédentes périodes de ralentissement économique", ajoute l'Observatoire.
Et ce, alors que "le rythme de l'inflation a nettement ralenti et que le moral des ménages s'est nettement amélioré", note l'OCM, pour qui "l'inquiétude sur la situation du marché de l'emploi" pèse "sur la réalisation des projets de consommation et notamment, sur l'opportunité de faire des achats importants".
Malgré ce contexte morose, l'OCM note un "sentiment d'amélioration" de la situation financière et "un moral qui se redresse" chez les ménages.
Un léger regain d'optimisme qui engendre un rebond des intentions de souscription de crédits à la consommation pour le 1er semestre 2025, à 3,7%, contre 3,5% l'année précédente. Mais "cette proportion ne fait que s'établir sur le niveau moyen constaté depuis la crise sanitaire".
Concernant les crédits immobiliers, la remontée "notable" des intentions de souscription (3,1%) ne permet pas d'atteindre leur niveau sur la période longue (4,7%), "et leur réalisation risque de se heurter à la réalité d'un environnement politico-économique peu facilitateur", ajoute l'OCM.
Le rapport OCM se fonde sur une enquête réalisée par Kantar fin 2024 auprès d'un échantillon représentatif de 13.000 ménages, avec un taux de réponse de 72,7%.
