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Les apprentis vont-ils faire les frais du nouveau confinement?

Image d'illustration -Une esthéticienne réalise une manucure.

Image d'illustration -Une esthéticienne réalise une manucure. - Pavel Korolyov / AFP

De nombreux artisans ont été obligés de baisser le rideau, et de mettre leurs employés au chômage partiel. Parmi eux des apprentis qui risquent de voir leur formation tomber à l’eau si la crise sanitaire perdure.

Le gouvernement mise sur l’apprentissage pour favoriser la formation et l’emploi des jeunes. Mais la crise sanitaire, avec ses conséquences économiques et sociales, fait peser un risque sur les 490.000 jeunes qui ont choisi cette voie.

Dans le secteur artisanal, qui représente 52% des jeunes suivant une formation en alternance en entreprise, 25.000 apprentis ont été contraints de cesser leur travail lors du confinement, entre mars et juin 2020. Les activités de services ont été les plus impactées, en particulier les salons de coiffure (17.000), les soins de beauté (4100) et le commerce de fleurs (3100) selon le baromètre ISM-Maaf paru en septembre 2020.

Pour inciter les entreprises à accueillir des apprentis, le gouvernement a mis en place à compter du 1er juillet des primes, de 5000 euros par an pour les alternants de moins de 18 ans et de 8000 euros pour ceux de plus de 18 ans.

C’était sans compter l'instauration du nouveau confinement. Certaines activités comme le BTP et l’industrie continuent de fonctionner. Mais les apprentis travaillant dans des commerces non essentiels sont une nouvelle fois touchés.

Cette fois-ci on est mieux préparés, car on connaît déjà les dispositifs de soutien mis en place par le gouvernement. Les apprentis bénéficient du chômage partiel comme tous les salariés”, explique Aurélien Cadiou, président de l’Association Nationale des Apprentis de France (ANAF).

Les centres de formations peuvent également continuer d’opérer leurs cours et accueillir les apprentis lorsqu’ils ne sont pas en entreprise.

La situation n’est donc pas encore dramatique, mais elle peut néanmoins basculer si l’obligation de fermer est maintenue. Dans le secteur de l’esthétique, la tension est plus palpable.

Nous avons joué le jeu de la formation. Depuis le mois de juillet nous avons recruté 14.962 apprentis dans les filières parfumeries et instituts de beauté. Certes, nous avons été incités à le faire par les primes mises en place par le gouvernement, mais s'il n’y pas de boulot, on n’embauche pas”, fait savoir Régine Ferrere, présidente de la Confédération Nationale de l'Esthétique et Parfumerie (CNEP)

Certaines entreprises risquent de ne pas surmonter ce nouveau coup dur et se séparer de leurs apprentis. Les nouveaux recrutés sont particulièrement exposés, puisqu’au cours des 45 premiers jours, l’employeur peut dénoncer le contrat sans préavis.

Nous sommes dans cette zone critique où les employeurs peuvent mettre fin du jour au lendemain au contrat. Jusqu’à présent, cela n’est pas arrivé car on a un lien très fort avec les équipes, ce sont des petites structures où le facteur humain compte beaucoup”, assure Régine Ferrere.

Des jeunes qui risquent de perdre un an

Mais il est certain que si l’obligation de fermeture est maintenue, il risque d’y avoir une hécatombe dans les entreprises, les jeunes se retrouveront alors sans patron et sans formation.

La situation est aussi délicate pour les jeunes qui ont entrepris une formation mais sont toujours à la recherche de l’entreprise qui va les accueillir.

On comptait beaucoup sur cette période de la fin de l’année pour signer les derniers contrats d’apprentissage. Mais avec le confinement, tout est suspendu. Avec pour conséquence des jeunes qui se retrouvent en dehors de tout, hors du circuit scolaire et de la formation. Ils vont perdre une année”, s’inquiète le président de l’ANAF.

Tous attendent avec impatience le point d’étape du 12 novembre, où le gouvernement doit réexaminer la situation sanitaire et voir s'il est possible d’assouplir les obligations de fermetures auxquelles sont soumises de nombreux artisans.

Coralie Cathelinais Journaliste BFM Éco