"Une victoire française": Les Vingt-Sept se mettent d'accord pour réformer le marché européen de l'électricité

(photo d'illustration) - Damien MEYER © 2019 AFP
L'accord sur la réforme du marché européen de l’électricité est une "grande victoire française" et permettra de faire bénéficier les Français des coûts compétitifs du nucléaire, a estimé mardi l'Elysée.
Les futurs prix de l'électricité seront fixés à un niveau légèrement supérieur aux coûts de production d'EDF, a-t-il ajouté, précisant que le futur dispositif français de régulation des prix de l'électricité serait présenté au cours des prochaines semaines et s'inscrirait dans le cadre européen.
Les pays membres de l'Union européenne ont adopté mardi une position commune sur la réforme européenne du marché de l'électricité après des mois d'âpres tractations entre la France et l'Allemagne.
Cette position a été adoptée à la quasi-unanimité, seule la Hongrie ayant voté contre, a déclaré Teresa Ribera.
Faire baisser les factures
Le texte approuvé par les ministres de l'Energie, et qui sera désormais négocié avec les eurodéputés, vise à recourir davantage aux contrats de long terme pour lisser l'impact de la volatilité du marché sur les consommateurs et à offrir davantage de prévisibilité aux investisseurs via des contrats à prix garantis par l'Etat.
Après l'envolée des prix de l'électricité l'an dernier, la réforme entend faire baisser les factures des ménages et entreprises grâce à des contrats de long terme permettant de lisser l'impact de la volatilité des cours du gaz.
Le texte approuvé entend aussi offrir davantage de prévisibilité aux investisseurs en rendant obligatoire le recours à des "contrats pour la différence" (CFD) pour tout soutien public à des investissements dans de nouvelles installations de production d'électricité décarbonée (renouvelables ou nucléaire).
Des boucliers tarifaires
Dans ce mécanisme de prix garanti par l'Etat, si le cours du marché de gros est supérieur au prix fixé, le producteur d'électricité doit reverser les revenus supplémentaires engrangés à l'État, qui peut les redistribuer aux consommateurs et industriels. Si le cours est en deçà, l'État lui verse une compensation.
Paris et Berlin s'étaient longuement opposés sur les conditions requises pour recourir également à ces CFD pour les nouveaux investissements dans les centrales nucléaires existantes, destinés à en prolonger la durée de vie ou en accroître les capacités.
L'Allemagne, sortie du nucléaire, redoute la concurrence, selon elle déloyale, d'une électricité française rendue plus compétitive grâce à un soutien public massif.
A l'inverse, le sujet est crucial pour la France, soucieuse de financer la réfection de son parc nucléaire vieillissant et de maintenir des prix bas, atout majeur pour ses industriels.
Finalement, les Etats "ont adopté une position équilibrée (...) Pour les Etats qui soutiennent les investissements étendant la durée de vie (de centrales existantes), l'usage des CFD sera une option possible, mais ne sera pas obligatoire", a résumé la commissaire européenne à l'Energie Kadri Simson à l'issue de la réunion.
Mais s'ils font ce choix, "ils devront se soumettre aux règles européennes sur les aides d'Etats et la Commission veillera à ce que de tels instruments soient adéquatement conçus et ne donnent pas lieu à des distorsions de concurrence indésirables et à une rupture de l'équité des conditions de concurrence sur le marché intérieur", a-t-elle averti.
Le texte propose par ailleurs des mesures pour renforcer la protection des consommateurs et prévoit, en cas de nouvelle envolée durable des prix, le déclenchement d'une situation de crise au niveau européen permettant aux Etats d'adopter des mesures comme des boucliers tarifaires pour les ménages les plus vulnérables et les petites entreprises.
Des dérogations temporaires pour le charbon
Un autre sujet faisait débat: les "mécanismes de capacité" qui permettent aux États de rémunérer les capacités inutilisées des centrales pour garantir leur maintien en activité et éviter des pénuries futures d'électricité.
Plusieurs pays souhaitaient être exemptés des contraintes écologiques prévues, notamment la Pologne, désireuse d'appliquer cet outil à ses centrales à charbon.
Finalement, les Etats ont introduit une dérogation aux exigences existantes concernant les limites d'émission de CO2 mais dans des conditions strictes et seulement jusqu'à fin 2028.
