Le spécialiste de l'hydrogène McPhy veut "se passer complètement de subventions" d'ici 2030

Belfort prend le tournant de l'hydrogène avec McPhy. L'entreprise française veut s'implanter dans la ville qu'elle a présélectionnée pour y construire une usine d'électrolyseurs, avec plusieurs centaines d'emplois à la clef, dans le cadre du plan de développement de la filière hydrogène en France. La fabrication de ces machines dédiées à la production d'hydrogène "propre" à partir de la méthode de l'électrolyse – à condition que leurs futurs acheteurs utilisent de l'énergie décarbonée pour le faire – devrait démarrer au premier semestre 2024.
Le problème actuel, "avec ce qu'on appelle l'hydrogène gris", c'est que "quand vous faites un kilo d'hydrogène, vous faites un kilo de CO2. Vous émettez donc autant que le trafic aérien avec l'hydrogène qui est produit aujourd'hui", assure Laurent Carme, directeur général de McPhy, sur BFM Business. "Si on reste sur ce modèle-là, ça ne sert à rien. Il faut passer sur un modèle décarboné [avec] l'électrolyse" qui n'émet pas de CO2 et donc le "seul rejet est de l'oxygène".
Belfort est le seul site présélectionné par McPhy dont la décision finale d'investissement devrait être prise d'ici la fin de l'année en fonction des études préliminaires, de l'obtention des autorisations administratives et des financements nécessaires. Sur ce dernier point, la filière est encore très dépendante des financements publics et des fonds européens. Mais, avance Laurent Carme, l'objectif est "de pouvoir se passer complètement de subventions" à l'horizon 2030.
"Devenir compétitifs"
L'hydrogène est au même stade que les énergies renouvelables "il y a entre 15 et 30 ans", c'est-à-dire "des industries nouvelles qui luttent contre des industries établies depuis longtemps qui ont fait leur industrialisation et qui ont fait leurs économies d'échelle", explique le dirigeant de McPhy.
"On a besoin de ce coup de pouce [pour nous permettre] ainsi qu'à nos concurrents de passer à l'échelle industrielle et (…) et de devenir compétitifs". Grâce au soutien public, les énergies renouvelables sont aujourd'hui "plus compétitives que les énergies carbonées", souligne-t-il.
Le plan du gouvernement pour développer la filière industrielle de la production d'hydrogène décarboné en France fixe une trajectoire jusqu’en 2030 avec une enveloppe de 7 milliards d’euros de soutien public. Il regroupe du soutien financier à l'investissement, à la recherche et des aides compensant les écarts de prix de production plus élevés.