Le président de Dassault Systèmes va passer la main

Charles Edelstenne va lâcher la présidence du groupe au mois de mai. L’actuel directeur général, Bernard Charlès prendra la suite. La succession est loin d’être réglée au sein du groupe familiale Dassault.

C’est un évènement dans l’empire Dassault. Charles Edelstenne, président et fondateur de Dassault Systèmes va quitter ses fonctions à la prochaine assemblée générale du groupe, le 19 mai prochain. Selon plusieurs sources, il a convoqué et tenu il y a deux semaines une réunion des dirigeants du groupe Dassault au cours de laquelle son départ de la présidence du conseil d’administration a été décidé. Contactée, la société n’a pas souhaité commenter.

Tout un symbole pour celui qui a créé Dassault Systèmes en 1981 aux côtés de Marcel Dassault. Charles Edelstenne, 84 ans, a dirigé l’entreprise jusqu’en 2013 puis en est resté président. Dassault Systèmes a fait la fortune de la famille puisqu’elle pèse 60 milliards d’euros en bourse. Et aussi la sienne alors qu’il en détient personnellement 6%. Il restera administrateur du groupe pour quatre ans, comme le proposent les résolutions de l’assemblée générale, et président d’honneur du groupe.

Son départ de la présidence enclenche tout le processus de succession à la tête de Dassault Systèmes. Lors de cette même réunion a également été actée la nomination de Bernard Charlès comme président en remplacement de Charles Edelstenne. Il aura 65 ans dans deux jours…

Transition en douceur

Une suite logique pour celui qui est directeur général de Dassault Systèmes depuis 1995, en tandem avec Charles Edelstenne. En parallèle, Pascal Daloz, numéro deux affiché depuis deux ans, doit devenir directeur exécutif. Il remplace à son tour Bernard Charlès qui lui a déjà laissé les rênes opérationnelles en le propulsant directeur des opérations en 2020. Une transition en douceur enclenchée depuis deux ans.

Une interrogation demeure sur les titres des dirigeants. Le duo Charlès-Daloz fonctionnera-t-il en mode « président et directeur général » ou « PDG et directeur général délégué » ? Ce système avait déjà été mis en place entre Charles Edelstenne et Bernard Charlès pendant près de vingt ans.

Mais sur le fond, ces changements de gouvernance sont une véritable passation de pouvoir qui doit intervenir lors de la prochaine assemblée générale du groupe, le 19 mai prochain. « C’est pour cette année, nous assure plusieurs sources du groupe. Même si Charles Edelstenne peut grignoter quelques mois ». Les statuts de Dassault Systèmes limitent l’âge du président à 85 ans. Or, le pilier de l’empire Dassault les aura le 9 janvier 2023. Il pourrait ainsi prolonger jusqu’à cette date, voire jusqu’à l’assemblée générale de 2023. « Cela a été décidé pour 2022 et il est en tout cas hors de question de changer les statuts » assure une source proche de la famille.

Edelstenne veut prolonger à la présidence du groupe Dassault

Ces questions interviennent car Charles Edelstenne va jouer les prolongations à la présidence du Groupe Industriel Marcel Dassault (GIMD), la société familiale qui contrôle les participations dans Dassault Aviation, Dassault Systèmes et Thales. Il devait quitter ses fonctions l’an prochain, à l’occasion de son 85e anniversaire, il pourrait rester un an ou deux. Une révision statutaire a ainsi été actée par GIMD - confirmant des informations de Challenges - permettant la prolongation du président dans ses fonctions jusqu'au "premier trimestre 2025".

Cette prolongation devait désormais être entérinée lors d'une assemblée générale des actionnaires "au cours de la deuxième quinzaine du mois d'avril".

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business