Le gouvernement favorable à "un gel" des crédits de l'Aide médicale d'Etat

Le ministre des Comptes publics Laurent Saint-Martin, le 10 octobre 2024, à Paris - Ludovic MARIN © 2019 AFP
Le gouvernement fait finalement volte-face concernant l'Aide médicale d'Etat, confortant ainsi les bancs du Rassemblement national. Après avoir envisagé une hausse de son budget, il se dit désormais favorable à un gel des crédits consacrés à l'AME.
En effet, le ministre du Budget Laurent Saint Martin a confirmé mardi soir une information de RMC selon laquelle le gouvernement déposera un amendement dans le cadre de l'examen au Parlement du budget 2025 pour que les dépenses de l'AME ne progressent plus l'année prochaine.
Pour rappel, le projet de budget présenté jeudi dernier prévoyait une hausse des crédits de l'AME de 8%, à 1,3 milliard d'euros, contre 1,2 en 2024, ce qui avait suscité des protestations chez certains élus du Rassemblement national, opposés à cette augmentation.
"Quelques lignes peuvent bouger"
En complèment, la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq a affirmé ce mercredi que "le cadre général" de l'Aide médicale d'État (AME), destinée aux étrangers en situation irrégulière, "ne changera pas" même si "quelques lignes peuvent bouger", d'un point de vue budgétaire.
"Sa modification (de l'AME), elle peut se faire à la marge, comme le préconise potentiellement le rapport de messieurs Évin et Stefanini (rapport publié fin 2023, ndlr). Il y a quelques lignes que l'on peut bouger, mais ça ne changera pas le cadre général, bien sûr, de l'AME", a assuré Geneviève Darrieussecq sur France Inter.
Je crois que le Premier ministre s'est d'ailleurs exprimé dans ce sens en disant, pas d'idéologie, on regarde ce rapport et on adapte si c'est nécessaire, a-t-elle ajouté.
Geneviève Darrieussecq estime que l'AME, dispositif que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau serait pour sa part enclin à réformer pour en restreindre le périmètre, "est le système le plus contrôlé, le plus sûr".
Interrogée sur la possibilité que l'AME soit un sujet de la future loi immigration annoncée pour début 2025, Mme Darrieussecq a insisté: "l'aide médicale d'État, c'est un sujet de santé et de santé publique, voire même de salubrité publique". "Je ne suis pas pour sa suppression", a-t-elle martelé.
466.000 bénéficiaires en France
L'Aide médicale d'État permet la prise en charge à 100% des soins médicaux pour les personnes en situation irrégulière résidant en France depuis plus de trois mois, dont les ressources sont faibles et n'ouvrent pas droit à la couverture du système de droit commun.
Cette aide a concerné 446.000 personnes en France au cours de l'année 2023. Selon un rapport émis par le ministère de la Santé en décembre dernier, le nombre de personnes bénéficiant de l'AME "a cru de près de 123.000 personnes entre fin 2015 et la mi-2023", soit une hausse de 39% sur la période donnée.
A noter également qu'en 2024, la part dédiée à l'AME représentait 0,5% des dépenses de santé prévue par le budget de la Sécurité Sociale.