Ce que l'on sait déjà du futur porte-avions nucléaire dévoilé par Emmanuel Macron

Le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle est opérationnel depuis 2000 - Minarm
PANG. Cet acronyme va se faire entendre dans les prochains mois dans le secteur militaire. Il s'agit du programme de Porte-Avions de Nouvelle Génération. Ce projet faramineux n'existe encore que sur le papier, mais de plus en plus d'éléments dévoilent ce vaisseau qui sera au coeur de la défense française et européenne demain. Des annonces plus précises seront attendues ce mardi 8 décembre, Emmanuel Macron se rend en visite sur le site Framatome du Creusot (Saône et Loire), l'un des acteurs de la conception de ce nouveau porte-avion.
Chez Framatome au Creusot
Le président sera accompagné de Barbara Pompili (Transition écologique), Bruno Le Maire (Economie) et Florence Parly (Armées). Il rencontrera aussi les représentants des acteurs de la filière tels qu'EDF, Orano, CEA, TechnicAtome et Naval Group, ainsi que des salariés.
Le site du Creusot a été choisi car Framatome y fabrique des cuves à la fois pour des réacteurs civils et pour des réacteurs utilisés dans la propulsion navale militaire, comme celles du Charles-de-Gaulle et des sous-marins. Le chef de l'Etat devrait rappeler que "c'est le nucléaire civil et militaire qui donne à la France le statut de grande puissance", ont expliqué les conseillers de la présidence.
Framatome qui a créé en octobre une entité Défense est déjà intervenu dans plusieurs projets militaires. Elle a participé au porte-avions Charles de Gaulle et a contribué aux programmes de sous-marins nucléaires Barracuda et SNLE 3G. Ancienne filiale d'Areva, Framatome est désormais détenu par EDF (75,5 %), Mitsubishi Heavy Industries (19,5 %) et Assystem (5 %).
Conçu pour le Scaf, le successeur du Rafale
Le Pang sera équipé de deux chaufferies nucléaires bien plus puissantes que celles du Charles de Gaulle. Au lieu de deux réacteurs de 150 Mw chacune, le futur porte-avion affichera une puissance totale de 450 Mw.
Cette puissance est imposée par les dimensions du nouveau navire et la taille de ses catapultes. Le Pang est conçu pour être compatible avec le Scaf (Système de combat aérien du futur) développé en partenariat avec l'Allemagne et l'Espagne constitué d'un avion principal (NGF, pour new generation fighter) et de drônes. Le version navale du NGF aura une masse de 30 tonnes contre environ 20 tonnes pour les actuels Rafale Marine.
Ce navire devrait donc atteindre une longueur de plus 280 mètres contre 261 pour le Charles de Gaulle et un tonnage de 70.000 tonnes contre 42.500.
Quant aux catapultes, elles seront longues de 90 mètres contre 75 mètres pour celles du Charles de Gaulle. Elles seront aussi électromagnétiques et non plus à vapeur. Ces éléments, ainsi que les systèmes de freinages pour l'apontage des avions, seront produites par des groupes américains. Leur coût est évalué à plus d'un milliard d'euros.
Le choix du nucléaire faisait débat depuis l'annonce de ce nouveau porte-avion. En juin, un "proche du dossier", indiquait à La Tribune qu'au départ, une propulsion classique était privilégiée.
"Les instructions étaient d'expliquer que le nucléaire allait prendre 15 ans de plus et que cette option compliquée. Alors que si la marine veut un nouveau porte-avions très, très vite, il vaut mieux qu'il soit classique. C'était l'état d'esprit au départ", expliquait cette source.
Le Pang pourrait entrer en service à l'horizon 2040 en même temps que le Scaf avait indiqué l'amiral Christophe Prazuck, chef d'état major de la Marine, lors d'une audition au Sénat, soit un peu avant la mise en retraite du Charles de Gaulle qui est entré en fonction en 2000.
Deux Pang plutôt qu'un
Des questions restent en suspend, notamment la possibilité de construire deux Pang pour des raisons opérationnelles, mais aussi financières. Deux vaisseaux permettraient d'atteindre une disponibilité de 100%, contre 63% avec le Charles de Gaule, et des économies d'échelles évaluées entre 30% et 40%.
C'est ce que soulève un rapport sénatorial de Olivier Cigolotti et Gilbert Roger, membres de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
"L'enjeu d'un deuxième porte-avions, c'est de pouvoir disposer d'une permanence d'alerte, concept à distinguer de la permanence à la mer (qui nécessite trois à quatre porte-avions). Ce deuxième PA permettrait d'être plus réactif, plus résilient, d'agir davantage dans la durée".
Reste à financer ce programme. "La décision de construire un deuxième porte-avions de nouvelle génération n'a pas à être prise dans le cadre de la LPM en cours mais elle devrait l'être pour la LPM suivante (post-2025)", note le rapport en rappelant que les Britanniques ont déjà privilégié cette option. Le Royaume Uni dispose désormais de deux porte-avions: le HMS Queen Elisabeth et le HMS Prince of Wales.
A ce jour, les Etats-Unis disposent de 11 vaisseaux, contre deux pour la Chine et un pour la Russie.
