Laurent Berger: "Il faut arrêter de verser des aides aux entreprises qui ont des minima sous le Smic"

S'il assure que la bataille des retraites n'est pas finie, c'est tout de même vers le dialogue social en entreprise que regarde désormais Laurent Berger. Le secrétaire général de la CFDT qui s'apprête à passer la main à Marylise Léon en juin entend dans les semaines qui viennent reprendre les négociations avec le patronat au sein des entreprises et surtout des branches professionnelles.
"Je dis une chose au patronat: sur la question des augmentations salariales on sait bien que c'est davantage vous que le gouvernement, a-t-il indiqué sur BFMTV/RMC ce jeudi. Le dialogue social dans l'entreprise c'est vous aussi qui devez faire des pas significatifs. On ira mais ce ne sera pas pour "discutailler" là non plus. "
Avec la question brûlante des minimas de branche qui restent à la traîne du Smic à mesure que ce dernier est réévalué. Alors que 86 branches professionnelles de plus de 5000 salariés avaient en avril des salaires minimum inférieurs au Smic, leur nombre a mécaniquement explosé avec la nouvelle hausse de mai.
"Aujourd'hui il y a 151 branches sur 171 de plus de 5000 salariés qui démarrent avec des échelons au-dessus du Smic, a révélé Laurent Berger ce jeudi. C'est vrai également dans les fonctions publiques. Aujourd'hui, un agent de catégorie C dans les fonctions publiques est 8 ans au Smic quelque soit le développement de ses compétences, de sa progression... Parce qu'il y a des échelles de rémunération qui démarrent en dessous du Smic. C'est vrai aussi dans le privé et dans tout un tas de branches professionnelles."
"Plus d'aides sur les bas salaires"
Le gouvernement encourage les partenaires sociaux à négocier plus rapidement pour revoir leurs grilles salariales afin d'éviter les trappes à bas salaires, mais la CFDT souhaite que l'exécutif hausse le ton en conditionnant les aides publiques
"On va verser combien de temps des aides aux entreprises sur les bas salaires sans exiger que les branches professionnelles s'alignent avec des minima qui soient au niveau du Smic?", interroge le decrétaire général de la CFDT.
Le leader syndical souhaite aussi mener la bataille sur les conditions de travail après des mois de lutte contre la réforme des retraites avec en toile de fond la question de la pénibilité.
"Sur la question de la santé et de la sécurité dans les entreprises, il n'y pas de commission santé sécurité et conditions de travail dans les entreprises de moins de 300 salariés, il faut les rendre obligatoires, souhaite-t-il. On sait bien que c'est ce sujet-là qui a aussi beaucoup émergé pendant la réforme des retraites."
Une revendication qui sera portée devant la Première ministre qui a invité les syndicats à Matignon pour renouer le dialogue après plus d'un trimestre de conflit.
