"La BCE soutient l'inflation": les raisons qui pourraient mener l'Europe à la récession

La dégradation de la situation économique en Europe, déjà minée par l'inflation, laisse planer le risque d'une récession. Selon l'indice PMI de S&P Global, l'activité économique de la zone euro s'est contractée pour le second mois consécutif en août dans le secteur privé. Ce qui pourrait mener l'Europe à la récession, c'est "évidemment" le gaz russe, a souligné ce mercredi matin Patrick Artus, chef économiste de Natixis, sur le plateau de BFM Business.
"L'Europe tiendra un moment. [Il y a] à peu près 80% des stocks [qui sont] remplis […] et on ne va pas être loin de 100%" d'ici l'hiver, sauf que ça ne tiendra "que quelques mois", a-t-il ajouté. "Si on ne réapprovisionne pas, on va vider les stocks. Le sujet récession à cause du gaz russe, ce n'est pas un sujet de maintenant, c'est un sujet de fin d'hiver".
Par ailleurs, pour le chef économiste de Natixis, il faut aussi prendre en compte le prix du gaz. "Il y a certaines entreprises qui préfèrent ne pas produire plutôt que de s'approvisionner à ce prix-là, et ça indépendamment de la quantité du gaz. Il y a un double sujet gaz", a-t-il assuré. La question est de savoir "où est-ce qu'on en sera de la guerre en Ukraine au printemps" et si "les relations avec la Russie s'amélioreront ou seront pires […]. On n'a pas vraiment de réponse" pour le moment, a-t-il poursuivi.
Pouvoir d'achat
Mais ce qui pourrait aussi provoquer une récession, c'est "la question du pouvoir d'achat", a avancé Patrick Artus. "La récession peut aussi venir de la demande des ménages, [avec] une chute de la consommation. Là, pour l'instant, l'Europe a une politique qui est très différente des Etats-Unis ou du Royaume-Uni, [où] les gouvernements ont laissé le pouvoir d'achat prendre de plein fouet la hausse des prix de l'énergie, de l'alimentation, etc", a-t-il expliqué.
"En Europe, le pouvoir d'achat des ménages qui est à peu près stable […] parce que les gouvernements [...] ont tous soutenu massivement le pouvoir d'achat […]. Ça stabilise la demande des ménages, qui ne devrait pas s'effondrer. Mais cette politique nécessite des déficits publics extrêmement importants […]. On est sur une pente croissance pour les déficits", a assuré Patrick Artus.
L'économiste note une "incompréhension" du comportement de la BCE. "Si la BCE veut lutter contre l'inflation, elle doit monter les taux d'intérêt, beaucoup plus que les messages qu'elle passe. D'autant plus que les gouvernements ont cette politique de soutien de la consommation des ménages […]. Donc la BCE doit en plus compenser les aides des gouvernements aux ménages pour réussir à faire baisser l'inflation, et on en est extrêmement loin […]. La BCE soutient l'inflation en réalité".