L'immigration française "peu qualifiée, peu diversifiée et peu nombreuse"
La France à la traîne “dans la course aux talents”. C’est l’un des principaux enseignements d’un rapport publié par le CAE. Elle compile en 65 pages des notes sur l’impact économique de l’accueil des réfugiés, le lien entre immigration et finances publiques et celui entre immigration et difficultés de recrutement.
La baisse du nombre d’immigrés professionnels, qui s’est accélérée pendant la crise sanitaire, a accru les problèmes de recrutement. Les métiers dits “en tension” comme le bâtiment, l’hôtellerie‐restauration, les transports, le tourisme et l’informatique en ont particulièrement pâti. Sans surprise, le rapport souligne que les métiers les plus pénibles, les moins bien payés et les moins qualifiés sont les premiers délaissés en l’absence de travailleurs immigrés.
La promotion d'une immigration qualifiée
Le rapport du Conseil d'Analyse Economique plaide pour une immigration plus qualifiée. “Avec une immigration repliée sur celle des droits familiaux et humanitaires, la France n’exploite pas ses opportunités”, écrivent les auteurs. D’après l’INSEE, 37,8 % des immigrés avaient un niveau scolaire égal ou inférieur au brevet des collèges en 2020, c’est deux fois le taux des natifs.
Autre phénomène analysé, le manque de diversité géographique de l’immigration. Certains pays, pourtant pourvoyeurs de jeunes talents, sont peu ou pas représentés en France.
Selon les estimations de l’INSEE, 70 % des immigrés non européens résidant en France sont nés sur le continent africain (dont près des deux tiers au Maghreb), en 2020. Ces immigrés se rendent majoritairement dans les grandes villes.
Un déficit d'attractivité français
Si la diversification géographique et professionnelle est si limitée, c’est que la principale raison de l’immigration française est familiale: sur la période 2007-2016, 43,7 % des immigrés en France sont venus au titre familial, contre 31 % pour leurs études, 10 % à titre humanitaire et seulement 9 % pour le travail selon l’OCDE.
C’est un déficit d’attractivité qui est en cause. La France est 19e au classement mondial "compétitivité et talents" élaboré par l’INSEAD. Il mesure la capacité d’un pays à attirer, à produire et à retenir des talents.
Autre faiblesse pointée par le Conseil d'Analyse Economique, celle du nombre d’immigrés en France. “Le flux annuel des immigrés permanents entrant en France (...) était de 292 000 personnes en 2019, soit 0,41 % de sa population”, c’est deux fois moins que la moyenne des pays de l’OCDE.
Au total, la population immigrée représente 12,8 % de la population française en 2019. Elle est de 13,6 % aux États-Unis, 13,7 % au Royaume-Uni, 16,1 % en Allemagne, et 21 % au Canada. Les auteurs concluent donc que “par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE, et à celle de nos principaux concurrents européens, la France est un pays de faible immigration”.