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L'Etat français bloque le projet d'interconnexion électrique entre la France et le Royaume-Uni qui devait permettre de limiter le recours aux énergies fossiles

Une nouvelle interconnexion France-Espagne en 2014

Une nouvelle interconnexion France-Espagne en 2014 - dr

La préfecture de Seine-Maritime a refusé de permettre à la société Aquind d'occuper le domaine public français pour installer des lignes à haute tension entre la France et le Royaume-Uni.

La préfecture de Seine-Maritime a annoncé mercredi avoir refusé d'accorder une concession d'utilisation du domaine public maritime à l'entreprise britannique Aquind, donnant un coup d'arrêt au projet d'interconnexion électrique transmanche entre la France et la Grande-Bretagne porté par cette société.

"Le préfet de la Seine-Maritime a notifié à Aquind l'impossibilité d'accorder une concession d'utilisation du domaine public maritime", a annoncé mercredi la préfecture dans un communiqué de presse.

Développé par la société britannique Aquind, le projet, estimé à 1,4 milliard d'euros, consiste en la création d'une interconnexion sous-marine d'une capacité de 2.000 mégawatts (MW) reliant les réseaux électriques de la France et de l'Angleterre.

Il ne s’agit pas d’une première: des interconnexions électriques entre la France et l’ensemble de ses voisins existent, le lien avec le Royaume-Uni datant des années 1980. Les gestionnaires de réseau européens, dont RTE, estiment qu’un renfort de capacité de l’ordre de 6 GW est nécessaire entre la France et l’Angleterre pour répondre aux besoins tout en limitant l’usage des énergies fossiles et en stabilisant les prix. Le projet Aquind représenterait environ 2 GW de cette capacité.

Un gros revers pour l'entreprise britannique et une victoire pour les opposants — notamment les maires d’Hautot-sur-Mer et Sébastien Jumel — qui dénoncent des contraintes pour la région Normandie avec la présence de lignes à haute tension. De plus l'élu constatait l’absence de contreparties pour la pêche déjà pénalisée par l’éolien offshore.

L'entreprise britannique croit toujours au projet

Le 17 juillet, un arrêté préfectoral avait pourtant constaté "la conformité du projet aux dispositions du Code de l'environnement et a délivré en conséquence une autorisation environnementale".

Mais cet arrêté ne permettait pas de lancer le projet, car "d'autres autorisations restaient nécessaires", rappelle la préfecture.

Parmi ces autorisations figurait l'utilisation du domaine public maritime, "qui se base sur la reconnaissance de son caractère d'intérêt général", relevant d'une décision de niveau national. Cette dernière n'a pas été validée, a donc annoncé la préfecture mercredi.

Dans un communiqué, Martin Dubourg, directeur France d'Aquind, s'est dit "surpris" de cette décision "compte tenu des besoins croissants d'interconnexion identifiés au niveau européen, particulièrement entre la France et la Grande-Bretagne, et des politiques mises en oeuvre à cet égard".

Cette décision "représente un aléa pour le projet, sans pour autant remettre en cause sa pertinence ni sa réalisation à terme", a-t-il ajouté M. Dubourg.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi avec AFP Journaliste BFM Éco