L’embarrassante position de Jacques Aschenbroich sur la vente d’Orange Bank

La vente d’Orange Bank tourne au casse-tête. Ce mercredi, Orange réunit son conseil d’administration pour, sauf surprise de dernière minute, acter la vente de ses activités bancaires à BNP Paribas. Après plusieurs mois d’hésitation, la filiale Orange Bank ne sera pas vendue, mais ses 2 millions de clients seront transférés à Hello Bank !, la banque en ligne de BNP Paribas.
Orange peine à assumer ce choix alors que son président, Jacques Aschenbroich, siège aussi au conseil d’administration de la banque française. Sa position de conflit d’intérêts gêne l’opérateur télécom qui a anticipé les critiques. "Il n’y a pas de conflit d’intérêts dans la mesure où il n’a participé ni au processus, ni à la décision sur Orange Bank" assure le groupe.
"Je me déporterai du conseil d’Orange lorsque la décision sera prise, confirme à BFM Business Jacques Aschenbroich. Et je ferai la même chose si le sujet remonte au conseil de BNP Paribas".
Il sera remplacé par un administrateur indépendant chez Orange. De son côté, pour éviter toute polémique, la banque française ne compte même pas faire passer en conseil d’administration cette décision qu’elle considère comme un "partenariat".
Stopper le foyer de pertes
Tout est prévu, mais l’embarras est bien là. La question du conflit d’intérêts du président d’Orange se pose depuis son arrivée à la tête de l’opérateur il y a un an. À l’époque, BNP Paribas était déjà candidat à la reprise d’Orange Bank et même identifié comme favori. "Jacques Aschenbroich n’a pas participé à la réflexion stratégique sur la vente d’Orange Bank, explique-t-on en interne. C’est la directrice générale Chrystel Heydemann qui l’a menée".
Certes. Mais depuis un an, tous les proches du président d’Orange connaissent sa position radicale sur Orange Bank. Même avant sa nomination à la tête du groupe, "il expliquait en privé que la banque n’avait rien à faire chez Orange et qu’il fallait stopper ce foyer de pertes créé par son prédécesseur", explique un de ses proches. Depuis sa création en 2016, Orange Bank a coûté 1 milliard d’euros à l’opérateur.
Dernière ligne de défense des proches du président d’Orange qui minimisent le poids d’Orange Bank pour les deux groupes. "Orange Bank ne pèse que 0,2% du chiffre d’affaires du groupe, entend-on chez Orange. Et elle n’est aucunement un concurrent de taille de BNP Paribas". Sauf que BNP Paribas lorgne la banque en ligne depuis trois ans. Et depuis que Boursorama, la filiale de sa rivale la Société Générale, vient de reprendre 315.000 clients d’ING, elle prend le large et s’affiche comme le leader incontestable du marché avec 4,5 millions de clients là où Hello Bank ! de BNP Paribas n’en a que 700.000.