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"Jour du dépassement": comment est calculé cet inquiétant indicateur climatique?

Une cigogne - Image d'illustration

Une cigogne - Image d'illustration - MIGUEL MEDINA / AFP

Pour calculer le "Jour du dépassement", l'ONG Global Footprint Network divise l’empreinte écologique globale de l'humanité par la capacité de la Terre à régénérer ses ressources. Explications.

Le "Jour du dépassement" a sonné. Depuis ce mercredi 2 août, la population mondiale a consommé plus de ressources que ce que la Terre est capable de fournir en une année, selon les calculs de l'ONG américaine Global Footprint Network.

Pour établir cet indicateur qui vise à alerter les populations sur les conséquences de certains modes de vie sur le changement climatique, l'ONG spécialisée dans l'écologie se base sur des données récoltées auprès des Nations unies chaque année. Parmi ces données, les surfaces terrestres et maritimes nécessaires pour produire ce qui est consommé par les populations, soit l'industrie alimentaire, le textile, l'énergie, et pour absorber ses déchets. Cela donne une idée de l'empreinte écologique de l'humanité.

D'un autre côté est établi la capacité des écosystèmes à se régénérer et à absorber les déchets produits par les humains, appelée la "biocapacité". Cette biocapacité est divisée par l'empreinte écologique de l'humanité, puis le résultat est multiplié par 365, le nombre de jours dans l'année. Le pourcentage trouvé est ramené à une date pour établir ce fameux "Jour du dépassement".

Une méthode affinée cette année

Jusqu'à présent, le Global Footprint Network, s'appuyait sur les données les plus récentes qu'elle pouvait récolter auprès des différentes agences des Nations unies. Des données qui avaient en moyenne trois, quatre ans de décalage avec l'année en cours. L'édition 2023 contient, par exemple, des données de 2019, souligne l'ONG sur son site.

Cette fois, l'organisme de recherche a pioché dans d'autres sources pour avoir des données plus récentes, comme le Global Carbon Project, une organisation qui cherche à quantifier les émissions mondiales de gaz à effet de serre ou encore l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Et cette nouvelle méthode n'a pas été seulement appliquée à l'année 2023 mais à toutes les années depuis 1961, l'année la plus ancienne pour laquelle des données sont disponibles, afin de "maintenir une cohérence". Toutes les dates annuelles du "Jour du dépassement" ont été recalculées en conséquence. Comme celle de 2022, qui établit l'année dernière au 29 juillet est repoussée, avec la nouvelle méthode, au 1er août. Soit seulement un jour avant la ligne rouge franchie aujourd'hui.

L'avancée du jour du dépassement de la Terre, entre 1971 et 2022.
L'avancée du jour du dépassement de la Terre, entre 1971 et 2022. © National Footprint and Biocapacity Accounts 2022

"Il est inexact de se contenter de regarder les comptes-rendus des médias des années précédentes pour déterminer les Earth Overshoot Days ('Jour de dépassement') passés", prévient l'ONG. "Par exemple, il serait absurde de comparer la date de l'Earth Overshoot Day 2007 telle qu'elle a été calculée cette année-là - et rapportée par les médias à l'époque - avec la date de l'Earth Overshoot Day 2023".

Elle précise: "l'amélioration des données historiques et les nouvelles découvertes telles que la diminution de la séquestration nette de carbone par les forêts ont légèrement modifié les résultats". Toutefois, même si la comparaison est délicate, la tendance est limpide: le "Jour du dépassement" n'a cessé d'avancer sur les dernières décennies.

Juliette Brossault