Vers un rapprochement entre l'Iran et les États-Unis?

L’Iran ne "peut pas avoir l'arme nucléaire". Sur ce point, Donald Trump est clair. Il ne change pas de position. En revanche, il se dit ouvert au dialogue.
"Je préférerais de loin un accord de paix, qui permettrait à l’Iran de se développer et de prospérer pacifiquement", dit-il.
"Il faut commencer à travailler sur cet accord immédiatement", ajoute le président américain et "organiser une grande célébration au Moyen-Orient lorsqu’il sera signé". "God Bless the Middle East!". C’est ainsi qu’il termine son message.
Message posté sur son réseau social en réponse aux informations selon lesquelles les États-Unis et Israël se prépareraient à "réduire l’Iran en miettes". Des rumeurs "grandement exagérées", tempère Trump.
Retour en arrière?
Pourtant c’est bien lui qui en 2018 avait acté le retrait des États-Unis de l’accord sur le programme nucléaire iranien. Un accord international conclu en 2015, avec la France, la Russie, la Grande-Bretagne, la Chine et l’Allemagne, après 21 mois de négociations. En vertu de celui-ci, Téhéran acceptait de limiter son programme nucléaire à un usage civil en échange d’une réduction des sanctions.
Selon de nombreux spécialistes, ce retrait a d’une certaine manière laissé le champ libre à l'Iran pour développer son programme. Le texte fixait la limite de possession d’uranium enrichi à 202 kg. Et selon l’AIEA, en mai 2024, cette quantité s’élevait à 6200 kg.
Trump qualifiait à l’époque l’accord décroché par Obama de "désastreux". Mais peut-il faire mieux? Peut-il négocier de meilleures garanties?
En attendant, il veut appliquer une "pression maximale" sur l’Iran, comme lors de son premier passage à la Maison Blanche. Cette fois, l’objectif sera certainement d’obtenir le plus de concessions possible de la part de Téhéran en cas de négociations.
Mais le ministre iranien des Affaires étrangères prévient: la politique dite de "pression maximale" fut une "expérience ratée et la tenter à nouveau conduira à un nouvel échec".
Non seulement, le pays n’a jamais cessé de développer son programme nucléaire mais Trump n’est pas, non plus, parvenu à priver Téhéran de ses revenus pétrolier. Lors de son premier mandat, les exportations, qui étaient de près de 3 millions de barils par jour, ont bien chuté drastiquement mais elles ont depuis repris. La faute à Biden estime le Républicain.
Les exportations ont atteint un pic en novembre de près de 1,8 million de barils par jour, dont 1,7 million destinés à la Chine. Les deux alliés sont toujours parvenus à contourner les sanctions. Pékin demeure aujourd’hui le premier acheteur du pétrole iranien, ce qui irrite le Président américain.
"Ce n'est pas si compliqué"
Au lieu des sanctions, Téhéran suggère de discuter. "Si l'enjeu principal pour Washington est de s'assurer que nous ne cherchons pas à nous doter de l’arme nucléaire, c'est faisable et pas si compliqué" affirme la diplomatie iranienne qui préférait éviter la confrontation.
Depuis le début de son mandat en juillet, Masoud Pezeshkian a exprimé à plusieurs reprises sa volonté de dialoguer avec les États-Unis. Une ouverture prudente qui n’a pas l’assentiment des ultraconservateurs qui l’accusent de rechercher un compromis avec l’ennemi. Pour eux c’est un aveu de faiblesse.
Mais le président, à la tête d’une nation particulièrement vulnérable actuellement, ne fait-il pas au contraire preuve de pragmatisme?
Pendant des années, un drapeau américain était peint au sol à l’entrée du palais présidentiel de manière que chaque visiteur le piétine. Peu avant l'investiture de Donald Trump, il a été discrètement effacé, sans explication officielle. Si le tournant amorcé par la diplomatie iranienne se confirmait, il s’agirait du plus important depuis les années 80 et la guerre contre l’Irak.