Sommet des BRICS: Poutine nargue l'occident

Le président russe n’est pas un paria. Du moins, c’est ce qu’il veut montrer. Après deux ans et demi de guerre en Ukraine et une avalanche de sanctions, il y a toujours des chefs d'État prêts à s’afficher à ses côtés. Vladimir Poutine ne semble ni inquiété par les sanctions, ni par le mandat d’arrêt international dont il fait l’objet. La semaine dernière, il a même nargué la CPI :
"Contourner un problème de ce genre est très facile, extrêmement facile. Il suffit de signer un accord intergouvernemental et la compétence de la Cour pénale internationale s’en retrouve limitée."
Le président russe n’avait pas été arrêté le mois dernier en Mongolie, pays pourtant membre de la CPI.
En tout, il accueillera 24 dirigeants étrangers sur les rives de la Volga. Au premier rang desquels son ami chinois Xi Jinping. Seront également présents ses homologues turc et iranien ainsi que le premier ministre indien. Le président brésilien Lula, lui, assistera en visioconférence aux discussions, après avoir fait une chute chez lui. Le Kremlin se vente d’accueillir "l'événement diplomatique le plus important jamais organisé en Russie". Autre invité : le secrétaire général de l'ONU. Ce sera le premier déplacement d’Antonio Guterres en Russie depuis avril 2022, juste après le début de l'offensive russe en Ukraine.
La Russie est “loin d'être isolée"
Pour l'analyste politique Konstantin Kalatchev, ce sommet des BRICS “vise à montrer que la Russie est non seulement loin d'être isolée, mais qu'elle a des partenaires et des alliés". En marge du sommet, Vladimir Poutine devrait s'entretenir avec une vingtaine de ses homologues étrangers lors de rencontres bilatérales.
La Russie prend soin de ses alliés sans qui elle ne peut pas contourner les sanctions. Le pays veut aller encore plus loin pour commercer librement avec ses partenaires. Le Kremlin souhaite notamment être rejoint dans son projet de système de paiement alternatif à SWIFT - les banques russes ayant été exclues de la plateforme. Selon le chercheur Alexander Gabuev, directeur du Centre Carnegie Russie Eurasie, "l'idée russe est que si l'on crée une plateforme regroupant la Chine, la Russie, l'Inde, le Brésil et l'Arabie saoudite, de nombreux pays qui sont des partenaires essentiels pour les États-Unis, ces derniers ne seront pas prêts à s'en prendre à elle et à la sanctionner."
L’exclusion de SWIFT a contraint Moscou à revoir certaines de ses positions. En janvier 2022, la Banque centrale russe plaidait encore pour une interdiction des cryptomonnaies mais cet été, Vladimir Poutine a finalement légalisé leur utilisation pour les paiements internationaux.
Pour un nouvel ordre mondial
Le "club", qui s’est considérablement élargi depuis sa création, veut contrer l’hégémonie occidentale et particulièrement la domination des Etats Unis, tant sur le plan géopolitique qu’économique. La dédollarisation des échanges sera notamment au cœur des échanges. Elle est particulièrement souhaitée par Moscou mais pas forcément par ses alliés.
Les BRICS comptent aujourd’hui pour 35% du PIB mondial et représentent près de la moitié de la population de la planète, dans les deux cas c’est plus le G7. La diplomatie Russie se montre confiante quant à l’avenir d’une alliance qui avance à son rythme :
"Les Brics construisent brique par brique un pont vers un ordre mondial plus juste", a déclaré Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique du Kremlin.
Ce qui est sûr, c’est qu’en se présentant comme une alternative à l’ordre imposé, les BRICS attirent toujours plus de candidatures. Dernière en date celle de la Turquie - membre de l’OTAN.