BFM Business
International

Poussés par l'Ukraine, les pays du G7 vont-ils abaisser le prix plafond du baril russe?

placeholder video
L'Ukraine et plusieurs pays européens poussent pour une nouvelle décote du prix du prix d'achat du brut russe. Les Etats-Unis préfèrent attendre l'entrée en vigueur de l'embargo sur le diesel.

Faut-il sanctionner la Russie plus fort encore, en abaissant le prix d'achat plafond -fixé par le G7 puis validé par l'Union Européenne à 60 dollars- du baril de pétrole brut russe? L'idée fait son chemin parmi les représentants européens.

L'Ukraine a appelé hier a durcir les règles, par la voix de son ministre des Affaires Etrangères Dmytro Kouleba. Le gouvernement de Kiyv estime que le prix du brut moscovite, l'Ural, est déjà en-dessous des 60 dollars, ce qui ne permettrait pas à l'embargo partiel de contraindre suffisamment les finances russes. Et de réclamer un prix fixé à 50 dollars pour affirmer l'effort occidental.

L'Union européenne s'était fixé pour calendrier une révision bimensuelle du mécanisme, en démarrant le processus aux alentours de la mi-janvier. L'objectif étant, comme le rappelle Bloomberg, de maintenir le prix de l'Ural au moins 5% en dessous de la moyenne du marché.

Plus récemment, l'Estonie et la Pologne poussent en coulisses pour revoir le prix, tandis que l'Allemagne, soucieuse de sa dépendance énergétique à l'égard de la Russie, ne veut pas perturber les marchés en provoquant un choc d'offre. Les discussions doivent reprendre à l'échelon européen la semaine prochaine.

Une possible avancée devra attendre une validation à l'unanimité par le G7: or les Etats-Unis demeurent réticents à engager une nouvelle modification des sanctions. Exportateur important de brut, Washington ne veut pas faire déraper les prix et préfère attendre. L'embargo sera étendu en février aux produits raffinés - donc notamment au diesel - et pourrait avoir des conséquences d'autant plus important sur l'économie russe à ce moment-là.

160 millions d'euros par jour

Les effets de l'embargo demeurent pour l'instant incontestables: si des questions entouraient sa mise en place et sa potentielle efficacité, le prix de l'Urals a dévissé par rapport au Brent de mer du Nord, la référence du marché européen. Le différentiel entre les deux barils est désormais de plus de 30 dollars, un niveau historique, et dix fois plus élevé qu'avant l'invasion de l'Ukraine. Plus précisément, l'écart s'est creusé de 10 dollars supplémentaires depuis la mise en place de l'embargo.

La pression est forte sur Moscou: selon le Centre for Research on Energy and Clean Air, basé à Helsinki, le pays subit un manque à gagner de 160 millions d'euros par jour. Le futur embargo sur les produits raffinés devrait couper 120 millions d'euros de rentrées quotidiennes supplémentaires, amenant les recettes issues des hydrocarbures à 540 millions d'euros par jour début février, contre près du double en mai 2022.

Or Moscou compte sur les hydrocarbures pour financer 40% de son budget: l'année passée, grâce à la redirection des flux vers l'Asie et aux prix mondiaux très élevés, le Kremlin avait empoché quelques 168 milliards de dollars de recettes. Cela ne l'avait empêché de subir un déficit public de 2,3%. En janvier, Vladimir Poutine soutenait pourtant qu'il n'y avait aucune raison "de s'inquiéter pour le budget", qualifiant le plafond de "stupide".

Valentin Grille