Pourquoi le Visa H1-B fracture les partisans de Donald Trump

C’est un programme de visas spécifique qui cristallise les tensions au sein des Républicains. Le visa H-1B, qui s’adresse aux travailleurs étrangers qualifiés, est considéré comme essentiel à la Silicon Valley.
Tout est parti de la nomination de Sriram Krishnan au poste de conseiller principal pour l'intelligence artificielle. L’homme, d’origine indienne, défend l'embauche de talents étrangers. Il n’en fallait pas plus pour faire bondir l’aile conservatrice pro-Trump.
Laura Loomer, complotiste notoire et alliée du président élu, trouve "alarmant le nombre de gauchistes nommés pour servir dans la future administration" alors que leurs positions sont, selon elle, contraires à au concept même de "l’Amérique d’abord".
D’autres défenseurs d’une ligne dure en matière d’immigration lui vite ont emboité le pas. Nikki Haley, ancienne ambassadrice l’ONU, estime qu’il faut "donner la priorité aux Américains, pas aux travailleurs étrangers".
Pour Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump, le visa H1-B est une "escroquerie des oligarques de la Silicon Valley pour prendre les emplois des citoyens américains".
Musk prêt à "partir en guerre"
Elon Musk s’est rapidement mêlé au débat en ligne. Lui qui est né en Afrique du Sud se dit fier d’avoir bénéficié de ce type de visa: "Si je suis ici et que j’ai pu fonder SpaceX et Tesla, c'est grâce au H-1B" dit-il. A ses détracteurs, il pose cette question :
"Voulez-vous que l’Amérique GAGNE ou voulez-vous qu’elle PERDE? Si vous forcez les meilleurs talents du monde à jouer pour l’autre camp, l’Amérique PERDRA. "
Selon lui, le pays fait face à "une grave pénurie d’ingénieurs extrêmement talentueux et motivés". Il se dit prêt à "partir en guerre sur le sujet".
La polémique a pris une telle ampleur que Donald Trump a dû se positionner. Il a sifflé la fin de la récré en se rangeant du côté d’Elon Musk et de Vivek Ramaswamy qui a fait fortune dans les biothechs. Les deux hommes dirigeront le futur "département de l'efficacité gouvernementale".
"J'ai toujours aimé les visas. J'ai toujours été en faveur des visas" a affirmé Donald Trump dans une interview tout en se prononçant en faveur d’un programme destiné à la main-d'œuvre étrangère hautement qualifiée.
Pour Sophie Alcorn, avocate de la Silicon Valley spécialisée dans l'immigration, ces déclarations sont un "soulagement pour les chefs d’entreprises après plusieurs mois tumultueux".
Pourtant, c’est ce même Donald Trump qui au début de son premier mandat avait promis de mettre un terme au visa H-1B. Le programme s’était finalement poursuivi sous son administration, malgré certaines restrictions. Un énième changement de positionnement n’est donc pas à exclure.
L'influence du "président Musk"
Ce qui est certain, c’est que cette polémique met en lumière des divisions profonde chez les MAGA. Le vernis a bien craqué depuis l’élection. Certains médias américains vont jusqu’à parler de guerre civile chez les pro-Trump.
La polémique actuelle laisse présager "des conflits à venir" estime un think tank américain. Donald Trump se retrouve dans une position d’équilibriste face à une coalition fissurée. Pour accéder à nouveau à la Maison Blanche, le Républicain a pu compter sur le soutien financier sans précédent de milliardaires de la Silicon Valley – traditionnellement plutôt démocrate – et il ne peut aujourd’hui leur tourner le dos.
Cette fois, il s’est aligné sur Musk et les patrons de la tech, au détriment des conservateurs. Mais cette position sera-t-elle tenable ? Sur quelles factions s’appuiera-t-il le plus dans les mois à venir ? Un nombre croissant de républicains s’inquiètent aujourd’hui de l’influence du futur "président Musk".