Nucléaire iranien: Donald Trump chamboule la quête d'un nouvel accord

L’annonce a pris au dépourvu aussi bien les journalistes présents dans le Bureau ovale que le Premier ministre israélien, qui s’y trouvait à ce moment-là.
"Nous avons des discussions directes avec l’Iran", a lâché Donald Trump lundi 7 avril.
Lors de son premier mandat, le président américain s'était unilatéralement retiré de l'accord sur le nucléaire iranien. Un accord conclu en 2015 sous Barack Obama et en vertu duquel Téhéran acceptait de se limiter à un programme civil en échange d’une réduction des sanctions. Au moment du retrait du Washington, l’Iran respectait ses engagements, selon l’Agence internationale de l'énergie atomique.
Des discussions sont prévues samedi à Oman. L’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, y participera. Mais le dirigeant américain met déjà en garde. Si les pourparlers n’aboutissent pas, l’Iran sera en "grand danger".
Pas de discussions "directes"
Téhéran n’est pas d’accord avec les termes employés par Donald Trump: les discussions ne sont et ne seront pas directes.
"Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force n'auraient pas de sens", disaient les autorités iraniennes dimanche et elles maintiennent leur position.
En revanche, le chef de la diplomatie iranienne estime qu’un accord pourrait être trouvé, si Washington fait preuve de "bonne volonté". "En fin de compte, la balle est dans le camp de l'Amérique. Si l'autre partie vient à Oman avec une réelle détermination, nous obtiendrons certainement des résultats", a déclaré Abbas Araghchi qui se rendra à Oman samedi avec l’aval du guide suprême.
L'iran affaibli
Il faut dire que l’Iran n’a pas vraiment d’autre choix que d’accepter de discuter avec les États-Unis. La République islamique est totalement étouffée par les sanctions américaines. Sanctions que Trump, qui applique à nouveau sa politique dite de "pression maximale", promet encore de durcir.
Ce sont les Iraniens qui paient le prix de l’effondrement économique. Depuis 2019, l'inflation dépasse les 30% par an, selon la Banque mondiale. Récemment, le rial a plongé à un niveau historiquement bas. La population est de plus en plus mécontente et le pouvoir le sent bien.
Les autorités acceptent de participer aux discussions avec Washington avec, disent-elles, pour "objectif principal" d'obtenir la levée des sanctions économiques.
Par ailleurs, le pays est aussi affaibli par la guerre dans la région et ne peut plus compter comme avant sur ses alliés régionaux, tels que le Hamas ou le Hezbollah.
Faire mieux qu’Obama
Donald Trump peut-il négocier un meilleur accord qu’Obama? C’est toute la question et c’est aussi son défi. Il ne sera pas simple à relever. La confiance est nulle entre les deux pays et les enjeux encore plus importants que sous l'administration Obama.
Le programme nucléaire de Téhéran a progressé depuis le retrait de Trump de l’accord. Aujourd'hui, le pays enrichit son uranium à 60% -le seuil nécessaire pour fabriquer une arme nucléaire est de 90%. En début d’année, l’AIEA, jugeait "très préoccupante" l’augmentation des réserves iraniennes.
Si l’Iran n'apparaît pas en position de force, rien n’est pour autant joué. Le pays pourrait tirer parti de ses relations avec la Russie à l'heure où les États-Unis tentent de négocier la fin de la guerre en Ukraine.
De hauts représentants iraniens sont attendus mardi à Moscou, pour des discussions sur ce même sujet du nucléaire. La Chine y participera aussi.