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"Ne pas se laisser faire": Macron demande aux entreprises françaises de "suspendre" leurs investissements aux États-Unis

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En préambule de la réunion avec les représentants des filières les plus touchées par les mesures tarifaires américaines à l'Élysée, le président de la République a plaidé pour une réponse unie des États européens.

"Une décision brutale et infondée". C'est avec ces mots qu'Emmanuel Macron a réagi aux nouveaux droits de douane annoncés mercredi par Donald Trump à l'ouverture de la réunion à l'Élysée avec les représentants des filières les plus touchées par les mesures tarifaires américaines. "C'est un impact massif qui va toucher tous les secteurs de l''économie et de l'export européen", a-t-il souligné, rappelant que les exportations outre-Atlantique représentent 1,5% du PIB français mais que cette part monte à 3% pour l'Italie ou encore 4% pour l'Allemagne.

"Il faut faire ce qui est le plus efficace et le plus proportionné et montrer qu'on ne va pas se laisser faire."

Le chef de l'État s'inquiète notamment des conséquences indirectes de ces décisions et plus particulièrement d'un "risque de potentiel déport" de certains produits et biens asiatiques "qui va perturber l'équilibre de certaines filières et de nos marchés." "Sur beaucoup de secteurs, on va être confrontés à des surcapacités est-asiatiques qui vont rediriger leurs flux vers l'Europe", a-t-il prévenu.

"Rien n'est exclu"

Face à ces mesures tarifaires, le président de la République a rappelé les modalités de la réponse européenne qui se fera en deux étapes. Une première surviendra dans quelques jours seulement, mi-avril, à travers un relèvement des taxes sur l'acier et l'aluminium. La seconde phase interviendra à la fin du mois "après une étude précise secteur par secteur" en vue de laquelle il a appelé les représentants réunis à "faire remonter" leurs "demandes et recommandations éventuelles" et à se "coordonner" avec leurs homologues européens.

"Rien n'est exclu donc tous les instruments sont sur la table : des réponses tarifaires, l'activation de mécanismes comme celui anti-coercition, regarder les mécanismes de financement de l'économie américaine."

A ce titre, il a prôné l'union de tous les acteurs européens et dénoncer la tendance à répondre aux tarifs de l'administration américaines par "des concessions immédiates" ou "des annonces d'investissements pour obtenir des exemptions." Le chef de l'État est même allé plus loin en souhaitant la suspension des "investissements annoncés ces dernières semaines tant qu'on n'a pas de clarification des États-Unis."

Car "quel serait le message d'avoir des grands acteurs européens qui se mettent à investir des milliards d'euros dans l'économie américaine au moment où ils sont en train de nous 'taper'", a-t-il insisté.

Bon constat, mauvaise réponse

S'il évoque une ampleur inédite, Emmanuel Macron estime que ce sont d'abord les Etats-Unis qui subiront les conséquences négatives de ces décisions qui "ne sont pas soutenables pour l'économie américaine": "L'impact est immédiat et bien plus massif pour l'économie américaine, autour de 2 points de PIB selon les premières analyses."

"L'économie américaine et les Américains, qu'il s'agisse des entreprises ou des citoyens, sortiront plus faibles qu'hier, et plus pauvres."

Pour le président de la République, "le constat américain est bon mais la réponse est mauvaise" : "Il y a trop de désindustrialisation en Occident mais la réponse n'est pas de mettre des droits de douane mais d'être plus productif."

Timothée Talbi