Musk veut créer son parti pour sortir de l'alternance démocrates/républicains: une idée pas si "ridicule" que ça qui rend déjà fébrile les proches de Trump

Il n’a pas perdu de temps. Le vendredi, jour de fête nationale, Musk poste un sondage sur X demandant à ses abonnés s’ils souhaitent sortir du "système bipartite". Une majorité répond "oui". Le lendemain l’entrepreneur annonce la création du "Parti de l’Amérique". Il se pose en sauveur de la nation. Ce parti "est créé pour vous rendre votre liberté", assure-t-il.
Son annonce intervient sur fond d'intenses tensions avec Donald Trump. Le monde entier à assisté à la lune de miel des deux hommes, puis à leur divorce houleux. Et visiblement l’heure de la revanche à sonné pour le patron de Tesla, qui s’en est pris de manière virulente ces dernières semaines à la "grande et belle loi" du président américain. Il utilise d’ailleurs l’argument d’une aggravation à venir de la dette pour justifier son initiative.
Un projet "ridicule"
Donald Trump a rapidement réagi. Il estime que tout cela est "ridicule", que Musk a "complètement déraillé".
"Le Parti républicain connaît un énorme succès (...) Je pense que la création d'un troisième parti ne fait qu'ajouter à la confusion. Les tiers partis n'ont jamais fonctionné", ajoute-t-il.
Mais est-ce vraiment "ridicule"? Pas tant que ça. Nombre d’Américains aimeraient sortir du système actuel. Les démocrates et les républicains règnent sans partage sur la vie politique du pays depuis plus d’un siècle. Aucune alternative crédible n’a émergé depuis.
L’effort le plus récent visant à créer un tiers parti remonte à la dernière présidentielle. Le mouvement "No Labels" cherchait à offrir une alternative à Trump et Biden.
Il a échoué mais lorsque Trump dit que ça n’a "jamais fonctionné", il se trompe un peu. En 1992, un autre milliardaire, qui avait aussi comme cible favorite le déficit budgétaire, s’était présenté à la présidentielle. Ross Perot avait raflé 19% des voix. Beaucoup estiment encore aujourd’hui que c’est par sa faute que Bush a perdu face à Clinton.
Le Texan avait joué les trouble-fête et c’est sûrement ce qu’entend faire Elon Musk. Il sait qu’il a le pouvoir de détourner un certain nombre de voix.
Diviser les républicains
N'étant pas né aux États-Unis, il ne peut pas se présenter à la présidentielle. Selon la constitution, seul un "citoyen de naissance" peut prétendre à la fonction suprême. En revanche, il peut être candidat à la Chambre des représentants ou au Sénat, mais ce n’est pas l’objectif affiché. L’ambition c’est plutôt de perturber les élections de mi-mandat.
"Une solution serait de se concentrer sur seulement 2 ou 3 sièges au Sénat et 8 à 10 circonscriptions à la Chambre des représentants", dit-il. Cela suffirait à faire perdre leur majorité aux républicains.
L’homme le plus riche du monde ne dévoile pour l’heure aucun programme. Si l’administration en place fait comme s’il s’agissait d’un non-événement, le projet est loin de la laisser insensible.
Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, estime que les conseils d’administrations de Tesla et SpaceX devraient "encourager" l’entrepreneur "à se concentrer sur ses activités commerciales, et non sur ses activités politiques". Certains y voient un signe de fébrilité.