Les sous-marins nucléaires américains commandés par l'Australie inquiètent la Chine

Pékin estime que ces submersibles remettent en cause les efforts internationaux de non-prolifération nucléaire (En illustration un sous-marin nucléaire français) - Cindy MOTET © 2019 AFP
L'onde de choc des sous-marins nucléaires australiens achetés aux Américains atteint Pékin. Pour la Chine, le problème n'est évidemment pas la rupture du contrat signé avec la France qui a créé une crise diplomatique avec Washington. Elle estime que d'abiord que le pacte de défense Aukus, (pour Australia, United Kingdom et United States) met à mal la stabilité dans la région indo-pacifique. D'autre part, l'achat de ces submersibles remet en cause les efforts internationaux de non-prolifération nucléaire.
L'Australie a balayé vendredi les arguments chinois. Canberra s'engage à faire respecter le droit international dans les espaces aériens et maritimes revendiqués par Pékin. Le Premier ministre australien Scott Morrison a martelé dans différentes interviews que son gouvernement répond à la situation dans la région Asie-Pacifique, où les territoires sont de plus en plus disputés et où la rivalité s'intensifie.
Sous-marins nucléaires chinois
Sur le nucléaire, le chef du gouvernement australien a également répliqué.
"La Chine a un programme très important de construction de sous-marins nucléaires", a fait valoir Scott Morrison dans une interview à la station de radio 2GB. "Ils ont le droit de prendre, en matière de défense, des décisions dans leurs propres intérêts, et, bien sûr, l'Australie et tous les autres pays aussi".
Lors d'une intervention à la télévision sur Channel Seven. le chef du gouvernement a précisé que l'Australie a "tout à fait conscience" de la capacité des sous-marins nucléaires chinois et des dépenses militaires croissantes de Pékin.
"Nous souhaitons nous assurer que les eaux internationales demeurent internationales tout comme l'espace aérien et que la règle de droit s'applique de la même manière partout", a-t-il déclaré.
Scott Morrison affirme aussi que cette alliance de défense a été "bien accueillie" par les dirigeants du Japon, de l'Inde, de Singapour, de la Nouvelle-Zélande, des Fidji et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée avec lesquels il s'est entretenu.
Ressources naturelles en mer de Chine
Canberra souhaite s'assurer qu'il n'y a pas de "zones interdites" dans les régions régies par le droit international, a précisé le Premier ministre australien.
"C'est essentiel, que ce soit, en matière de commerce, de câbles sous-marins, des avions et l'espace dans lequel ils peuvent voler (...) c'est l'ordre des choses que nous devons préserver. Cela permet d'assurer la paix et la stabilité et c'est l'objectif que nous cherchons à atteindre".
En effet, la montée en puissance de la Chine la véritable raison de la création du pacte Aukus. Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, riche en ressources naturelles et par laquelle transite chaque année des milliards de dollars de marchandises. Elle rejette aussi les prétentions territoriales des autres riverains: Vietnam, Malaisie, Brunei, de Taïwan et Philippines.
La Chine a été accusée de déployer des missiles anti-navires et des missiles sol-air, ignorant une décision de la Cour permanente d'arbitrage (CPA) qui a jugé que en 2016 que Pékin n'a aucun "droit historique" sur cette mer stratégique.
"L'Australie souhaite simplement assurer une paix et une stabilité durables dans la région", a déclaré le ministre australien de la Défense Peter Dutton dans une interview accordée à Sky News Australia. Il a ajouté que l'Australie était disposée à accueillir plus de Marines américains dans la ville de Darwin, au nord du pays, et souhaitait renforcer ses moyens aériens.
Les tensions commerciales entre Pékin et Canberra n'ont pas cessé de croître depuis 2018. Ces derniers mois, la Chine a imposé de sévères sanctions économiques à l'encontre de nombreux produits australiens. Beaucoup estiment qu'il s'agit avant tout de représailles contre le refus des investissements chinois dans des secteurs jugés stratégiques et contre les appels de Canberra à une enquête sur les origines de l'épidémie de Covid-19.
