Les grands employeurs américains défient le Congrès en aidant les salariées qui voudront avorter

Des dizaines de grands groupes américains n'hésitent pas à défier le Congrès après l'annulation du droit à l'avortement en laissant les états faire comme bon leur semble. Parmi eux, Levi's, Meta, Apple, Disney, Apple, Tesla, Amazon, Airbnb, Uber, JP Morgan, Estee Lauder ou Yelp ont décidé de s'engager pour la liberté d'avorter en aidant les salariées. Soit en remboursant les frais médicaux, soit en offrant les déplacements vers les états ou l'avortement sera autorisé.
S'ils ont les moyens financiers d'apporter ces aides, ces entreprises prennent le risque d'être pénalisées dans les états anti-avortement. Pour le Jeremy Stoppelman, CEO de Yelp, le risque vaut la peine d'être pris.
La décision de la Cour suprême "met en danger la santé des femmes, les prive de leurs droits et menace de démanteler les progrès que nous avons réalisés vers l'égalité des sexes sur le lieu de travail" depuis l'arrêt garantissant l'accès à l'avortement de 1973, a ainsi réagi le patron du site Yelp, Jeremy Stoppelman.
Peu de grandes entreprises ont condamné aussi abruptement la décision de la Cour suprême. Plusieurs se sont en revanche engagées à s'assurer que leurs employées, où qu'elles travaillent, puissent accéder à un avortement en leur remboursant au besoin les frais de voyage dans un Etat où la procédure médicale est légale.
Payer les frais de justice
Quelques entreprises comme Yelp ou Airbnb avaient déjà franchi le pas en septembre après l'entrée en vigueur au Texas d'une loi interdisant toute IVG à partir du moment où un battement de coeur du foetus est perceptible à l'échographie.
Peu à peu, d'autres comme Citigroup, Tesla ou Amazon, ont modifié la couverture santé proposée à leurs employés. Une autre vague comprenant Starbucks, Levi Strauss et JPMorgan Chase a suivi après une fuite dans la presse début mai annonçant le possible revirement de la Cour suprême sur la question de l'avortement.
Meta, propriétaire de Facebook et d'Instagram, et JP Morgan rembourseront également les frais de déplacement des employés qui se rendront dans un état pour accéder aux soins de santé.
Certaines les ont rejointes vendredi, à l'instar de Disney qui a envoyé un mémo à ses employés leur assurant que l'entreprise s'engageait à leur fournir un accès à des soins de qualité "peu importe où ils habitent", selon la chaîne d'informations CNBC. Lyft s'est engagé à payer les frais de justice de chauffeurs qui seraient traînés devant les tribunaux pour avoir transporté une femme dans un autre Etat pour avorter.
Juqu'à 15 ans de prison
Après la décision de la Cour suprême américaine de révoquer le droit à l'avortement, certains États l'ont déjà interdit. D'autres vont encore plus loin, en prévoyant des peines de prison pour les femmes ou les médecins. L'IVG est déjà interdite dans le Missouri, l'Arkansas, l'Oklahoma, ou encore le Dakota du Sud. Selon l'institut Guttmacher, en tout, 26 États pourraient interdire l'avortement.
Certains États prévoient de lourdes sanctions pour les femmes qui se font avorter et pour les professionnels de santé qui le pratiquent. En Louisiane, les représentants ont adopté une loi au mois de mai dernier qui permet de poursuivre les femmes devant un tribunal pénal et déclarant l'avortement comme un homicide. Les femmes et les professionnels de santé peuvent encourir alors jusqu'à 10 ans de prison. Même cas de figure dans l'Arkansas et l'Oklahoma, où les médecins peuvent être envoyés devant les tribunaux et encourir jusqu'à 10 ans de prison.
Dans le Missouri, État du Sud très conservateur et premier à avoir interdit l'IVG dès vendredi, les patientes risquent jusqu'à 15 ans de prison.
