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"Le texte le plus important dans l'Histoire": Trump jubile après le vote de sa loi budgétaire (qui devrait faire exploser le déficit)

Le président des États-Unis Donald Trump le 29 avril 2025 dans le Michigan

Le président des États-Unis Donald Trump le 29 avril 2025 dans le Michigan - Jim WATSON / AFP

Adoptée ce jeudi à la Champre des représentants, le projet de loi budgétaire présenté par Donald Trump pourrait faire flamber la dette américaine.

Donald Trump a salué jeudi le passage dans la matinée à la Chambre américaine des représentants de son mégaprojet de loi budgétaire, qui comprend notamment l'extension des gigantesques crédits d'impôt de son premier mandat.

"La grande et belle loi a été adoptée à la Chambre des représentants! C'est sans doute le texte législatif le plus important qui sera signé dans l'histoire de notre pays", a assuré le président américain sur sa plateforme TruthSocial.

Le texte se dirige à présent vers le Sénat, où les élus républicains ont déjà signalé leur intention d'apporter d'importantes modifications. La navette parlementaire devrait donc se prolonger, sans certitude sur la date à laquelle ce projet de loi emblématique pour Donald Trump sera parachevé.

"Maintenant, il est temps pour nos amis au Sénat des Etats-Unis de se mettre au travail, et d'envoyer DÈS QUE POSSIBLE cette loi sur mon bureau" pour promulgation, a exhorté le milliardaire républicain.

Pressé d'offrir une victoire législative au président, le chef de la Chambre des représentants -l'élu républicain Mike Johnson- avait prévu un vote en pleine nuit à Washington. Et la chambre basse, à majorité républicaine, a finalement adopté le texte au petit matin de justesse avec 215 voix pour et 214 contre - dont deux républicains.

Crédits d'impôt et coupes budgétaires

Pour Donald Trump, l'enjeu est en premier lieu l'extension des gigantesques crédits d'impôt datant de son premier mandat et qui arrivent à expiration à la fin de l'année. Le projet de loi prévoit aussi de supprimer l'imposition sur les pourboires, une promesse de campagne du républicain dans un pays où de nombreux travailleurs dépendent de ceux-ci comme principale source de revenu.

Pour compenser en partie le creusement du déficit, les républicains ont prévu d'importantes coupes dans certaines dépenses publiques. Au premier rang desquelles, Medicaid, l'assurance santé dont dépendent plus de 70 millions d'Américains aux revenus modestes. Selon l'analyse du CBO, une agence parlementaire non-partisane, les coupes actuellement prévues dans ce programme public menacent de priver d'assurance santé plus de 7,6 millions de personnes d'ici 2034.

Le plus grand programme public d'aide alimentaire, Snap, serait aussi sévèrement touché.

Une hausse du déficit

Le projet de loi budgétaire a cependant ajouté de la tension sur les taux d'intérêt des emprunts publics américains, signe d'un regain d'inquiétude des investisseurs sur l'ampleur de la dette du pays.

Les rendements de la dette des États-Unis sur trente ans atteignaient vers 11H40 GMT 5,13%, contre 5,09% mercredi soir et 4,97% la veille. S'il clôture à ce seuil, il s'agirait d'un niveau jamais vu depuis le début de la crise financière en 2007. Le taux d'intérêt sur dix ans évoluait lui, autour de 4,61%, après avoir flambé la veille de 4,49% à 4,60%, au plus haut depuis février.

"La montagne croissante de la dette américaine provoque des vagues d'inquiétude sur les marchés, avec des signes que les investisseurs hésitent à financer l'administration Trump", résume Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.

Le déclencheur de la flambée a été mercredi une émission d'obligations à 20 ans plus faible que prévu, "signalant une possible inquiétude quant à la volonté des investisseurs de prendre en charge la dette du gouvernement", selon les analystes de Briefing.com.

La hausse a repris de plus belle jeudi, après que la Chambre américaine des représentants a adopté jeudi le "mégaprojet" de loi budgétaire voulu par Donald Trump, qui espère concrétiser certaines promesses phares de campagne comme la prolongation de gigantesques crédits d'impôt de son premier mandat. Problème: "il n'y a pas en face des baisses de dépenses suffisantes pour éviter un gonflement de la dette", explique Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM.

2.000 à 4.000 milliards de déficit

Le projet de loi budgétaire de Donald Trump pourrait accroître le déficit américain, de l'ordre de 2.000 milliards à 4.000 milliards de dollars sur la prochaine décennie, selon différentes analyses indépendantes.

"Les investisseurs commencent donc à se demander si la dette américaine, qui ne cesse de croître, est vraiment viable", abonde Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank.

Début avril, les craintes concernant les droits de douane imposés par M. Trump avaient déjà entraîné une hausse des taux, plombés par un désamour des investisseurs envers les actifs en provenance des Etats-Unis.

Cet épisode intervient quelques jours après la rétrogradation de la note de la dette des États-Unis par l'agence Moody's.

HC avec AFP