"Le fossé s'est considérablement creusé": ces pays où les 10% les plus fortunés captent de plus en plus de richesses

Si la richesse mondiale était un gâteau, ils en mangeraient les trois-quarts. En 2021, les 10% les plus riches de la planète détenaient plus de 75% des richesses mondiales, selon le World Inequality Lab.
Mais si elles restent à un niveau élevé, les inégalités n'évoluent pas de la même manière partout. Dans certains pays, elles se renforcent alors qu'elles s'amoidrissent dans d'autres. Une analyse publiée par le site Bestbrokers et qui utilise la base de données Our World in Data a recensé les pays où les inégalités se sont le plus exacerbées depuis le début du siècle.
"Ces dernières années, le fossé entre riches et pauvres s'est considérablement creusé", pointe l'analyste Paul Hoffman, auteur de l'étude.
La Chine en haut de la pyramide
Tout en haut du classement, on retrouve la Chine, où la part de la richesse détenue par les 10% les plus aisés est passée de 48% en 2000 à 68% en 2023, soit un bond de 20 points de pourcentage. "Avec la croissance rapide tirée par le marché, la richesse en Chine s'est fortement concentrée entre les mains des magnats de la technologie et de l'immobilier", explique Paul Hoffman.
"Le boom immobilier du début des années 2000 a été un facteur clé de l'accumulation de richesses, en particulier dans des villes comme Pékin et Shanghai."
À la deuxième position, on retouve Chypre, où la part de la richesse nationale captée par les 10% les plus fortunés s'est accrue de 16 points (passant de 50% en 2000 à 66% en 2023).
Au troisième rang, l'Inde a également vu les inégalités progresser avec une hausse de 11 points de la part de richesse détenue par les plus aisés. Paul Hoffman relie cette hausse à la "croissance significative dans les secteurs de la technologie, de la finance et de l'immobilier depuis le début de la libéralisation de l'économie en 1991, qui a eu un impact considérable dans les années 2000". "Parallèlement, environ 90 % de la main-d'œuvre indienne occupe toujours des emplois informels et faiblement rémunérés, selon le rapport de l'OIT sur l'emploi en Inde", relève-t-il.
Une part qui stagne en France
Il faut aussi noter que dans ce top 10, on retrouve pas moins de 7 pays européens, notamment la Grèce (+11 points), Malte et la Slovénie (+9 points), l'Italie (+9 points) et la Hongrie (+8 points).
En France, la part de la richesse nationale détenue par les 10% les plus riches n'a que peu évolué et tourne autour de 60% depuis les années 2000. Un chiffre légèrement supérieur à celui de ses voisins européens. Elle est de 58,5% en Allemagne et de 57% au Royaume-Uni et n'a augmenté dans les deux pays que d'un point en un peu plus de 20 ans.
Les Pays-Bas font figure de bon élève en Europe avec moins de la moitié des richesses appartenant aux 10% les plus aisés (45%). Une part qui s'est réduite de 10 points entre 2000 et 2023.
L'Afrique du Sud, le Brésil ou les États-Unis parmi les pays les plus inégalitaires
Au niveau mondial, les pays où les inégalités se sont le plus résorbées (tout en restant à un niveau élevé dans l'absolu) sont principalement des états du continent africain. Le Malawi (-19 points de pourcentage), le Burkina Faso (-17), les Comores (-17), la République centrafricaine (-16) et le Lesotho (-14) ont connu les plus fortes baisses de la part de la richesse nationale détenue par les 10 % les plus riches.
"Ceci est particulièrement frappant étant donné que tous ces pays ont été confrontés à une instabilité récurrente et à des difficultés économiques persistantes", estime Paul Hoffman.
Enfin, parmi les pays dans lesquels les inégalités restent au plus haut, on retrouve notamment l'Afrique du Sud, où les 10% les plus fortunés détiennent 86% des richesses, la Namibie (80%), la Colombie (79%), le Brésil et le Mexique (78%), le Liban (73%) et les États-Unis (71%).