La France exporte pour près de 4 milliards d'euros de médicaments aux Etats-Unis: les industriels très inquiets par Trump qui ne veut pas d'exemption de douane

Des médicaments à côté d'un flacon de pilules. Le 23 juillet 2024, à New York City (États-Unis). (Photo d'illustration) - SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
Les fédérations européenne et française des industries pharmaceutiques ont exprimé mardi leurs inquiétudes quant à l'accord commercial entre l'Union européenne et les États-Unis qui laisse pour l'heure le secteur du médicament dans l'incertitude concernant les droits de douane.
"Les droits de douane sur les médicaments sont un instrument brutal qui perturbera les chaînes d'approvisionnement, aura un impact sur les investissements en recherche et développement, et, en fin de compte, nuira à l'accès des patients aux médicaments des deux côtés de l'Atlantique", a réagi la fédération européenne du secteur (Efpia) dans un communiqué.
L'EFPIA "continue d'examiner les annonces concernant l'accord commercial UE-États-Unis, car les implications clés pour le secteur pharmaceutique restent incertaines". Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont conclu dimanche un accord douanier prévoyant que les produits européens exportés aux Etats-Unis soient taxés à 15%.
Les exportations de l'industrie pharmaceutique françaises vers les États-Unis ont représenté 3,8 milliards d'euros en 2024, soit 7,9% des exportations totales vers le pays, loin devant les produits chimiques (2,6 milliards d'euros), les machines (2,8 milliards d'euros) et les navires (1,8 milliard d'euros).
"Profondément préoccupante"
Donald Trump a prévenu que les produits pharmaceutiques, jusqu'ici exemptés grâce à un accord de 1994 de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), ne bénéficieront pas de traitement particulier, sans toutefois donner des précisions.
Début juillet, il avait menacé d'imposer des surtaxes de 200% sur les produits pharmaceutiques importés aux Etats-Unis si la production n'était pas rapidement rapatriée sur le sol américain. Pour l'EFPIA, "il existe des moyens plus efficaces qui contribueraient, plutôt que d'entraver, les progrès mondiaux en matière de soins aux patients et de croissance économique".
La fédération appelle à "repenser la valorisation de l'innovation" en Europe et accroître les investissements dans les médicaments innovants.
De son côté, l'organisation professionnelle qui représente les entreprises du médicament opérant en France (Leem) estime dans un communiqué séparé que "la situation d'incertitude sur les tarifs douaniers dans le secteur pharmaceutique est profondément préoccupante".
"Les produits pharmaceutiques doivent explicitement et durablement être exclus de toute mesure tarifaire", a réclamé le Leem, rappelant que "les médicaments, vaccins, dispositifs médicaux et intrants pharmaceutiques ne sont pas des biens comme les autres".
Imposer des tarifs douaniers sur les médicaments conduirait, selon le syndicat, "à une augmentation des coûts de production, aggraverait les difficultés d'approvisionnement et entraverait les capacités d'investissement et de recherche et développement en Europe".