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La dette américaine va franchir le seuil symbolique des 37.000 milliards de dollars, 65% de l'impôt des Américains a servi en mai à payer ses intérêts

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La dette américaine va dépasser dans les prochains jours le seuil de 37.000 milliards de dollars. Une situation qui ne risque pas pas de s'améliorer avec la loi budgétaire de Trump accusée de creuser un peu plus les déficits. Inquiets de ce dérapage, les investisseurs ont de moins en moins d'appétit pour les bons du Trésor américains.

Un nouveau palier qui risque de renforcer les inquiétudes des investisseurs. Et probablement celles d'Elon Musk qui n'avait pas hésité à alerter en février sur le risque de "faillite" des États-Unis. Déjà établie à 122% du PIB, la dette américaine qui a quasiment doublé en dix ans s'apprête à franchir le seuil des 37.000 milliards de dollars, confortant ainsi son statut peu enviable de plus grosse dette mondiale en valeur absolue, d'après le décompte réalisé par le site US National Debt Clock.

Si l'état des finances publiques américaines a longtemps été ignoré, les marchés semblent de moins en moins enclins à fermer les yeux. Car la politique menée par Donald Trump n'a fait qu'accentuer les craintes sur l'incapacité des États-Unis à réduire leur déficit abyssal (6,4% du PIB en 2024) et à maîtriser la trajectoire de leur dette publique.

Des intérêts de la dette qui explosent

La "grande et belle loi" budgétaire du locataire de la Maison Blanche préoccupe tout particulièrement. Le texte doit en effet lui permettre de concrétiser certaines promesses phares de sa campagne, en premier lieu l'extension des gigantesques crédits d'impôt de son premier mandat. Mais l'adoption de cette loi pourrait conduire à une augmentation du déficit américain de 2.400 milliards de dollars sur les dix prochaines années d'après le Congressional Budget Office.

Face à l'emballement de la dette américaine, l'agence Moody's a lancé un avertissement en mai en retirant pour la toute première fois sa note maximale Aaa aux États-Unis pour la rétrograder à Aa1. De leur côté, les taux obligataires à 10 et 30 ans ont bondi ces derniers mois. Signe que les bons du Trésor américains n'attirent plus autant qu'avant.

Résultat, les intérêts sur la dette s'envolent eux aussi. Ils ont atteint 92 milliards de dollars sur le seul mois de mai, ce qui représente 65% de l'impôt sur le revenu payé par les Américains sur ce mois, d'après les chiffres du Trésor. Sur l'ensemble de l'année, le paiement des intérêts est estimé à plus de 1.200 milliards de dollars, soit 40% des recettes de l'impôt sur le revenu. C'est aussi plus que ce que les États-Unis dépensent pour leur défense (880 milliards).

"Il n’y a plus vraiment de discussion autour de la nécessaire correction des déficits"

Pour Gilles Moëc, chef économiste du Groupe AXA, le poids de la dette américaine dans le PIB est à un niveau "qu'on voit régulièrement dans certains pays européens mais cela fait quand même beaucoup pour un pays qui reste le coeur du moteur de l'économie et de la finance mondiale".

Mais le plus préoccupant, "c'est qu'on ne voit pas de force de rappel. Ces discussions sur le budget au Congrès opposent des gens qui cherchent à aller un peu plus loin vers la hausse de certaines dépenses à ceux qui cherchent à aller un peu plus loin vers la baisse de certaines recettes. Mais il n’y a plus vraiment de discussion autour de la nécessaire correction des déficits", explique-t-il sur BFM Business.

"C’est vraiment l’absence de toute discussion explicite de cette nécessité de remettre les finances publiques américaines sur les rails qui commencent à inquiéter", martèle-t-il.
https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco