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Japon: l'incroyable négligence d'un employé reporte le redémarrage de la plus grande centrale nucléaire au monde

Un employé de Tepco mesure le niveau de radiations devant le réacteur n°4 de la centrale de Fukushima, le 21 février 2021 au Japon

Un employé de Tepco mesure le niveau de radiations devant le réacteur n°4 de la centrale de Fukushima, le 21 février 2021 au Japon - Philip FONG © 2019 AFP

Déjà retardée par plusieurs problèmes de sécurité, la reprise d'activité des sept réacteurs de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa a été reportée à cause d'une erreur d'inattention improbable d'un employé.

La centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, plus grande installation de ce type au monde, à l'arrêt depuis l'accident de Fukushima en 2011, aurait dû redémarrer à l'été 2023, un véritable événement au Japon. Le redémarrage était attendu plus tôt mais avait déjà été retardé par après une série d'erreurs internes. Mais c'était sans compter la bévue d'un employé de l'entreprise TEPCO, l'entreprise qui exploite la centrale.

Une négligence rocambolesque

C'est une aventure peu banale qu'a vécue un habitant de la préfecture de Niigata, sur la côte ouest du Japon. Selon Bloomberg, un voisin de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, la plus puissante au monde avec sa capacité de 8212 gigawatts, est tombé par hasard sur des documents siglés TEPCO (Tokyo Electric Power Company). En y jetant un œil, il découvre des informations relatives à la gestion des incendies et des inondations au sein de la centrale.

Dans un geste civique, il alerte immédiatement les autorités compétentes. Alertée, TEPCO remonte la piste des documents jusqu'à l'un de ses employés, qui travaillait depuis chez lui au moment des faits. En sortant, il a déposé une liasse de documents de travail sur le toit de sa voiture… et les a oubliés au moment de démarrer! Les pages se sont envolées dans la nature.

Nouveau report de la reprise d'activité

Une négligence qui tombe mal. L'Autorité nationale de réglementation nucléaire, qui supervise les protocoles de sécurité des 33 réacteurs japonais en activité, a en effet décidé la semaine dernière de maintenir une interdiction de facto de la reprise des activités de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa. La raison: des mesures préventives inadéquates.

L'employé distrait et son responsable ont reçu un avertissement. Mais ce dernier et fantaisiste épisode vient un peu plus saper la confiance du régulateur dans TEPCO. Qui tente toujours de son côté de récupérer quelque 38 pages du fameux document "oublié". Et a déclaré qu'il s'assurerait désormais "que tout son personnel suive des règles strictes sur la prise de documents et d'informations hors site".

Par Alexandra Paget, avec Clément Lesaffre