Indonésie: le nouveau président vise les 8% de croissance

Objectif 8% de croissance. L’Indonésie affiche environ 5% de hausse de son PIB chaque année depuis la crise asiatique de 1997. Première économie d’Asie du Sud-Est, elle voit encore plus grand. Jakarta veut se hisser au rang de quatrième puissance mondiale d’ici 2045. Il y a encore huit ans, le pays ne figurait même pas dans les trente premiers du classement.
Selon Hashim Djojohadikusumo, frère du nouveau président et qui est aussi son proche conseiller, "l'idée est d'augmenter les recettes et de relever le niveau de la dette".
Cette dernière pourrait atteindre jusqu'à 50% du PIB pour financer les projets de Prabowo Subianto. Le ratio dette/PIB devrait en conséquence passer de 39% à 50%. Mais l'Indonésie devrait conserver sa note de solvabilité, estime Hashim Djojohadikusumo.
"J'ai discuté avec la Banque mondiale, qui estime que 50% est un ratio convenable" confie-t-il au Financial Times.
Les économistes mettent en garde contre une augmentation de la dette. Cela pousserait, selon eux, le déficit budgétaire au-delà de la limite légale de 3% du PIB. Un endettement plus grand pourrait également peser sur la roupie. La monnaie nationale a déjà chuté de plus de 5% par rapport au dollar cette année.
Mais il n’y aura pas d’augmentation de la dette publique sans augmentation des recettes rassurent les autorités. Alors où aller chercher l’argent? L’entourage du chef de l’Etat évoque comme sources les "impôts, les redevances minières et les droits de douanes". D’après le FMI, l'Indonésie a aujourd’hui l'un des plus faibles taux de recettes par rapport au PIB dans la région, soit environ 14%.
28 milliards de dollars pour les repas des écoliers
Pour ce qui est des dépenses, plusieurs projets sont envisagés et certains vont couter cher. Les dépenses les plus importantes de l’Etat seront causées par un programme de repas gratuits pour les écoliers et les femmes enceintes. Coût total estimé: 28 milliards de dollars. Mais selon un conseilleur du président, le projet contribuera par ailleurs à "stimuler l'économie" et fera gagner 1,2% de PIB.
D’autres initiatives ont pour objectif de soutenir la croissance, notamment la construction de nouvelles centrales électriques, de raffineries et de logements, ainsi que l'augmentation de la production alimentaire.
Prabowo Subianto promet "une Indonésie en or" comme son prédécesseur Joko Widodo dont il était jusqu’ici ministre de la Défense. Les ambitions d’expansion économique sont les mêmes mais les plans d'emprunt de la nouvelle administration marquent un tournant dans l’approche.
Un gouvernement XXL
Signe d’une certaine continuité, les ministre des Finances, de l'Énergie et des Entreprises publiques ont été reconduits. Ils font partie d’un nouveau gouvernement XXL. 48 ministres et plus de 100 ministres adjoints, un record dans le pays depuis les années 1950. Sur les 48 portefeuilles, seuls cinq reviennent à des femmes.
La taille de ce gouvernement préoccupe les analystes. L'expansion de la bureaucratie risque, selon eux, de faire gonfler les coûts administratifs et de ralentir les processus de prise de décision.
La question de la compétence des ministres est aussi soulevée. Officiellement, ils ont obtenu leurs postes au mérite, sur la base de leurs compétences. Mais certaines de ces nominations sont plutôt perçues comme des récompenses en échanges d’un soutien électoral.
Est-ce que l’approche de Prabowo Subianto est en phase avec ses ambitieux objectifs? L’avenir le dira. Ce qui est sûr, c’est que l'Indonésie a aujourd’hui besoin d'une gouvernance efficace et de réformes structurelles favorisant la compétitivité, la transparence et l'innovation.