Il fête ses 73 ans et rêve d'atteindre 150 ans: au pays de Poutine les hommes meurent de plus en plus jeunes (66 ans) à cause de l'alcool et de la guerre

Le président russe Vladimir Poutine au sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai. - Alexander Kazakov
En Russie, les femmes vivent en moyenne 11 ans de plus que les hommes. Un des écarts d'espérance de vie entre les sexes les plus élevés au monde.
Selon le recensement de 2020, les femmes représentaient 54% de la population en Russie. Un déséquilibre inquiétant. Les hommes sont moins nombreux, et meurent plus jeunes. Résultat : la Russie compte un nombre record de mères célibataires.
Elles seraient près de 5 millions, soit 40% des foyers avec enfants en Russie, selon le média d’investigation Russe Cherta.
Le défi démographique est au coeur du budget 2026 du Kremlin, avec des mesures de soutien à la natalité et aux mères russes célibataires.
La guerre en Ukraine a fait baisser l'espérance de vie
2 à 3% de la population masculine russe âgée de 18 à 60 ans est mobilisée dans le conflit ukrainien.
200 à 250.000 soldats russes auraient été tués depuis le début de la guerre en Ukraine. Ce qui en fait le conflit le plus mortel pour la Russie depuis la Seconde Guerre mondiale.
Si on comptabilise les morts, les blessés et les disparus, près d’un million d'hommes russes seraient touchés, selon l’état major Ukrainien.
Le taux de natalité le plus bas depuis plus de deux siècles
L'âge moyen des victimes du front est de 35 ans, précisément l'âge où ils sont prêts à fonder une famille.
L’impact sur la natalité est réel: l’année dernière, il n’y a eu que 1,22 million de naissances en Russie, selon l'institut statistique russe Rosstat, le niveau le plus bas observé depuis 1999.
Pire, la chute s'est accélérée en 2025. Selon le démographe Alexei Raksha cité par le Moscow Times, le premier trimestre 2025 a probablement enregistré le plus faible nombre de naissances depuis le début du XIXe siècle, février marquant le chiffre mensuel le plus bas depuis plus de 200 ans.
Selon l’OMS, la Russie devrait perdre 8 millions d’habitants d’ici 2050. Pour Vladimir Poutine, ce qui est en jeu, c’est "l’extinction" du peuple russe. Il s’est fixé comme objectif de faire remonter fortement le taux de natalité d’ici 2030.
Si les hommes russes meurent si tôt, c’est aussi — et surtout — à cause de l’alcool.
On compte 150 à 200.000 décès liés à l’alcool chaque année en Russie. En très grande majorité, des hommes. Un véritable fléau. La vodka reste l’alcool le plus populaire et le plus consommé en Russie, qui est le premier producteur mondial.
Une campagne anti-alcool a fait bondir l'espérance de vie de 3,5 ans
Entre 1985 et 1990, Gorbatchev avait mené une grande campagne anti-alcool. Durant cette période, l'espérance de vie chez les hommes russes aurait augmenté de 3,5 ans.
Dans les années 2000, le Kremlin a instauré un prix plancher pour la vodka, et limité la vente la nuit. La consommation officielle a chuté, et on a observé une hausse des ventes de breuvages plus légers comme la bière et le vin. Mais le lobby russe de la Vodka, très actif, a réussi à obtenir récemment une fiscalité avantageuse sur les alcools forts, à nouveau très demandés.
L’augmentation de l’espérance de vie chez les hommes russes est devenue un objectif politique et sociétal. Vladimir Poutine semble lui aussi personnellement fasciné par la question. La presse anglo-saxonne rapportait ainsi, en marge du défilé militaire de Pékin en septembre, une scène pour le moins surréaliste: le chef du Kremlin racontant à Xi Jinping les promesses des nouvelles technologies et des greffes d’organes, et évoquant la possibilité, pourquoi pas, de vivre jusqu’à 150 ans.