Hausses d'impôts massives, des milliards pour les services publics: le gouvernement britannique dévoile son premier budget

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, avait préparé les esprits: le premier projet de Budget du gouvernement travailliste sera "douloureux", avait-il dit lors de son discours de rentrée, fin août. Deux mois plus tard, force est de constater qu'il n'avait pas menti.
Dévoilé ce mercredi par la ministre des Finances, Rachel Reeves, le Budget britannique prévoit un net alourdissement de la fiscalité, tout en promettant en contrepartie de nouveaux investissements pour répondre à la crise des services publics, délaissés depuis de nombreuses années.
"Ce budget augmentera de manière permanente la capacité de l'économie, stimulant ainsi la croissance à long terme", a-t-elle promis.
40 milliards de hausses d'impôts
Dans le détail, le texte propose "une augmentation des impôts de 40 milliards milliards de livres" (48 milliards d'euros) censé combler un "trou noir" de 22 milliards de livres dans les finances publiques, dont Rachel Reeves jure avoir hérité des conservateurs. Le tout alors que la dette publique a récement dépassé les 100% du PIB.
Il s'agit de "décisions difficiles" a reconnu la Chancelière de l'Echiquier, qui les estime néanmoins indispensables. "Pendant trop longtemps, on a prétendu qu'on pouvait réduire les impôts et dépenser davantage pour les services publics. On ne peut pas", avait déjà lancé lundi le Premier ministre, une attaque frontale contre les conservateurs, au pouvoir pendant 14 ans.
Parmi les augmentations d'impôts prévues Rachel Reeves a notamment annoncé une hausse des cotisations patronales, dont le taux augmentera à 15% tandis que le seuil baissera, ce qui représentera 25 milliards de livres par an d'ici la fin de la législature, a-t-elle précisé. La ministre des Finances prévoit également une hausse de l'impôt sur les plus-values, 18% pour le taux le plus faible et jusqu'à 24% pour le taux le plus élevé. Elle a toutefois assuré que le Royaume-Uni "aura toujours le taux d'imposition des plus-values le plus bas de toutes les économies européennes du G7".
La ministre a aussi promis de lutter contre la fraude aux prestations sociales afin de récupérer 4,3 milliards d'euros et annoncé un renforcement des règles de l'impôt sur les successions, une hausse de la TVA sur les écoles privées, la fin du chèque énergie pour des millions de retraités, une nouvelle taxe sur les cigarettes élecetroniques ou encore une augmentation des taxes sur le transport aérien (2 livres pour les vols court-courriers, hausse de 50% pour les passagers de jets privés).
"Investir, investir, investir"
D'autres mesures sont sans doute mieux passées auprès des citoyens britanniques. En particulier, la hausse du salaire minimum de 6,7% ou encore l'augmentation de la pension de retraite d'Etat de 470 livres par an: elle passera de 221,20 livres par semaine à 230,30 livres.
Mais l'exécutif a surtout promis d'investir alors que la crise des services publics victimes de sous-investissements -au point que des bâtiments (écoles, hôpitaux, tribunaux) menacent de s'effondrer- a été l'un des thèmes majeurs de la campagne électorale l'été dernier.
"Le seul moyen d'améliorer le niveau de vie et de stimuler la croissance économique est d'investir, investir, investir", a martelé Rachel Reeves, ajoutant que le pays doit "rétablir la stabilité économique et tourner la page des 14 dernières années" de gouvernements conservateurs.
Pour y parvenir, elle compte sur de nouvelles recettes fiscales mais aussi sur la modification des règles budgétaires annoncée la semaine dernière qui prévoit notamment de changer le mode de calcul de la dette. Une pirouette comptable qui doit permettre de réhausser la capacité d'emprunt du Royaume-Uni et d'injecter des milliards de livres dans l'économie.
A cet égard, la Chancelière de l'Echiquier a annoncé une augmentation de 22 milliards de livres pour le budget du NHS (système de santé britannique) "pour cette année et l'année prochaine" et 3,1 milliards d'investissements. 6,7 milliards seront par ailleurs dédiés aux écoles, 5 milliards au logement ou encore 3,4 milliards pour le plan pour le chauffage des maisons. Rachel Reeves a promis au total 100 milliards au total sur cinq ans pour les services publics et les infrastructures.