"Haribo vs Skittles": les appels au boycott des produits américains gagnent l'Europe du Nord

Le drapeau norvégien, à Kongsberg, en Norvège, le 14 octobre 2021. - Terje Bendiksby / NTB
Elle n'a pas mâché ses mots. En Norvège, l'entreprise Haltbakk Bunker, le fournisseur de fuel numéro 1 des ports du pays, a décidé de ne plus ravitailler en carburant les bateaux de la marine américaine.
Une décision prise en réaction à l'altercation entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et Donald Trump à la Maison Blanche vendredi. Un échange très houleux qualifié de "plus grand merdier jamais présenté en direct à la télévision par l’actuel président américain et son vice-président", selon un communiqué de la société repéré par Le Monde.
Lors de cet échange, Donald Trump a notamment accusé le président ukrainien de "jouer avec la vie de millions de personnes" et de "jouer avec la 3e guerre mondiale". "Concluez un accord (avec la Russie) ou nous vous laissons tomber", a-t-il également menacé.
Après l'annonce de la compagnie Haltbakk Bunker, le ministre norvégien de la Défense s'est empressé de préciser que cette décision "ne correspond pas à la politique du gouvernement".
"Les forces américaines continueront à recevoir de la Norvège les fournitures et le soutien dont elles ont besoin", assure-t-il.
"Le monde est devenu beaucoup plus incertain et imprévisible"
Mais la compagnie norvégienne est loin d'être la seule à s'opposer aux États-Unis. Après les nombreux appels au boycott de marques américaines lancés par des citoyens canadiens, le mouvement gagne les pays de l'Europe du Nord.
Plusieurs groupes Facebook ont ainsi vu le jour comme "Boycott varer fra USA" au Danemark et "Bojkotta varor från USA" en Suède, qui comptait près de 34.000 membres le 3 mars 2025.
"Le groupe est né de la frustration que nous ressentons, comme beaucoup d'autres, du fait que depuis le 20 janvier 2025, le monde est devenu beaucoup plus incertain et imprévisible", peut-on ainsi lire dans la description du groupe suédois.
Ces consommateurs jugent "qu'il vaut mieux faire quelque chose de petit plutôt que de rester les mains dans les poches".
Les internautes y listent des produits américains à boycotter, se partagent des alternatives européennes pour les remplacer. Ils encouragent ainsi à acheter des bonbons "Haribo vs Skittles" ou de préférer la lessive "Omo vs Ariel".
"Un nettoyage technologique majeur"
Une internaute confie ainsi être "accro à Pepsi Max". "Mais aujourd'hui, j'ai acheté du Trocadero Zero à la place! C'est vraiment délicieux. Plus jamais de Pepsi Max!", écrit-elle. D'autres ont pris rendez-vous avec leur banquier et se séparent des actifs américains qu'ils détiennent pour investir en Europe.
Parmi les messages qui reviennent souvent, on retrouve surtout la difficulté pour ces internautes de se passer des grandes plateformes américaines comme Google, Amazon ou Instagram.
"Si on veut frapper là où ça fait mal, il y a un nettoyage technologique majeur (et pour beaucoup d'entre nous vraiment douloureux) qui est nécessaire", écrit ainsi l'un d'eux.
Ils s'interrogent aussi sur leurs propres contradictions, à commercer par le fait qu'ils s'organisent sur le réseau social américain Facebook, détenu par Mark Zuckerberg, qui s'est récemment illustré par un revirement conservateur et pro-Trump.