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Giorgia Meloni promettait de fermer les frontières: l'Italie aura finalement accueilli 1 million d'étrangers non-européens (dont 500.000 d'ici 2028)

La présidente du Conseil des ministres d'Italie Giorgia Meloni à Rome le 10 février 2025

La présidente du Conseil des ministres d'Italie Giorgia Meloni à Rome le 10 février 2025 - Filippo MONTEFORTE / AFP

En Italie, Giorgia Meloni veut ouvrir les portes à 500.000 travailleurs étrangers supplémentaires. L’économie du pays en dépend.

497.550, c’est le nombre de visas de travail qui devraient être délivrés à des ressortissants non européens entre 2026 et 2028. Quelques mois après son accession au pouvoir, Giorgia Meloni, qui promettait de fermer les frontières, avait adopté un décret similaire autorisant la délivrance de 450.000 permis.

Au total, en 5 ans, la coalition au pouvoir aura fait venir près d'un million de travailleurs extracommunautaires dans le pays. Pourquoi? Pour répondre aux pénuries de main-d'œuvre. Cette "immigration légale et contrôlée" et "indispensable au système économique national" expliquent les autorités.

Des quotas sont prévus pour renforcer le nombre de travailleurs saisonniers notamment dans les secteurs agricoles et touristiques.

"Ces quotas ont été déterminés en tenant compte des besoins exprimés par les partenaires sociaux, dans le but de répondre aux besoins des entreprises", indique le gouvernement.

Les chef d‘entreprises saluent l’initiative. Le patronat italien ne cesse depuis des années maintenant de décrier le manque de main d'œuvre.

Le syndicat agricole Coldiretti se félicite également. Pour lui, c’est "une étape importante pour garantir un nombre de travailleurs suffisant dans les champs et les chaînes de production alimentaire du pays".

"Machine à migrants en situation irrégulière"

Mais le système reste entravé par des rigidités bureaucratiques, des procédures lentes et complexes. Les visas ne sont pas systématiquement délivrés par les préfectures, des entreprises doivent recruter des personnes dont elles ne connaissent rien du profil. Par ailleurs, certains migrants, ayant obtenu leur titre, n'ont pas les moyens de financer leur voyage.

En moyenne, il s'écoule entre un an et un an et demi avant qu'un travailleur puisse se présenter sur son lieu de travail. Les postes ne sont alors parfois plus vacants.

Conséquence: l'an dernier, seulement 7,8% des entrées se seraient transformées en permis de séjour et en emplois stables selon Ero Straniero, une organisation se battant pour favoriser l’immigration légale. Elle demande une révision en profondeur du système actuelle pour éviter des dérives.

"Le décret sur les flux migratoires tel il est conçu actuellement est une extraordinaire machine à créer des migrants en situation irrégulière !", dit-elle.

Il y a effectivement des disfonctionnement, reconnait Giorgia Meloni. Le gouvernement promet d’agir et il y a urgence.

Economie menacée

L’an dernier, le nombre de décès a dépassé le nombre de naissances. Le vieillissement de la population, la baisse de la natalité et l’émigration des Italiens – qui a augmenté d’un tier entre 2023 et 2024 – pèsent lourd sur l’économie.

Fabio Panetta, gouverneur de la banque d’Italie réitère régulièrement son plaidoyer en faveur d'un "afflux de travailleurs étrangers réguliers pour renforcer le capital humain de l'Italie, améliorer sa croissance, renforcer sa productivité, augmenter sa compétitivité".

La troisième économie la zone euro n’a pas d’autre option. Si rien n’est fait, il faut s’attendre à une baisse de 13 à 17% du PIB d’ici 2050 met en garde le FMI.

Caroline Loyer