Gaza: le Hamas toujours aux commandes

L’enclave palestinienne est à terre mais le Hamas, lui, est toujours bien debout. Au lancement de la guerre, Benjamin Netanyahu avait fait la promesse d’éradiquer l’organisation, de la détruire, mais 15 mois plus tard, sa présence est persistante.
Gershon Baskin, ex-négociateur d’otages israéliens, estime que c’est "une gifle pour le gouvernement. Cela montre que les objectifs n'ont jamais pu être atteints”.
Avant le 7 octobre, l'État hébreux estimait à environ 30.000 le nombre de combattants ennemis. Tsahal en aurait tué 20.000. Sauf que Hamas serait parvenu à “recruter autant de nouveaux militants qu’il en a perdu” selon Washington.
Le groupe, qui ne communique pas sur ses pertes, s'est réorganisé et a recruté encore davantage sous le commandement du frère cadet de Yayah Sinwar. Mohammed Sinwar assure la continuité du leadership de la branche armée. Ni vainqueur, ni vaincu, le Hamas a bel et bien toujours la main mise sur Gaza.
Démonstration de force
Avec la trêve et après des mois de clandestinité, ses hommes s’affichent dans les rues, vêtus de leur uniforme, bandeau vert sur le front. On les a vus, armés, entourant les otages libérés dimanche.
Une démonstration de force, un acte de défiance même selon certains, qui signale à Israël et aux gouvernements impliqués dans les négociations qu’il va falloir composer avec eux.
En vertu de l'accord conclu, la police qui est chargée de faire respecter la loi et l'ordre à Gaza. Une police supervisée par le Hamas qui reprend également, avec l’arrêt des combats, la gestion administration de l’enclave.
"Nous ne pouvons pas laisser notre peuple dans le vide pour faire plaisir à Netanyahu", se défend Ismail al-Thawabta, porte-parole du gouvernement de Gaza.
Une trêve et ensuite?
Qui pour diriger Gaza après la guerre? C’est toujours la grande inconnue. Les États-Unis et les services de sécurité israéliens pressent Benjamin Netanyahou de présenter de plan pour la gouvernance de l’enclave mais celui-ci s’y refuse.
Il y a quelques jours, le président de l’autorité palestinienne, qui gouverne partiellement la Cisjordanie occupée, s’est dit prêt à assumer "pleinement" ses "responsabilités" à Gaza. S’adressant à Donald Trump, Mahmoud Abbas déclare:
"Nous sommes prêts à travailler avec vous pour obtenir la paix pendant votre mandat, avec une solution à deux États internationalement reconnus".
Une main tendue rejetée par le premier ministre israélien et ses alliés d’extrême droite qui ne veulent pas entendre parler d’une solution à deux états.
Pour Avi Issacharoff, spécialiste israélien du Moyen-Orient, la survie du Hamas est aujourd’hui la faute d’Israël et de son "manque d'intérêt lorsqu’il s’agit de discuter d’un régime alternatif".
La suite des négociations s’annonce mal engagée. La prochaine phase de l’accord doit mener à une "fin permanente de la guerre". L’Etat Hébreux continue de conditionner celle-ci à une abdication pure et simple du Hamas.