"Flexibiliser" le marché du travail et augmenter les salaires: après la semaine de 6 jours, la Grèce veut instaurer la journée de travail de 13 heures (contre 8 aujourd'hui)

Kyriakos Mitsotaki - ANGELOS TZORTZINIS / AFP
Travailler plus pour gagner plus. En Grèce, le slogan de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 sied parfaitement au gouvernement pro-business de Kyriakos Mitsotakis qui vient de présenter un vaste projet de loi prévoyant notamment d'autoriser la journée de travail de 13 heures.
Une mesure qui a déclenché la colère des syndicats et mobilisé des centaines de manifestants début septembre. Concrètement, le texte soumis à consultation publique prévoit que les salariés pourront travailler jusqu'à 13 heures par jour pour un même employeur. Cette possibilité ne s'appliquait jusqu'alors qu'aux salariés ayant deux employeurs différents.
Pour rassurer, la ministre du Travail, Niki Kerameos, a assuré qu'un salarié ne pourra travailler 13 heures par jour que de manière "exceptionnelle", s'il le souhaite, et moyennant une majoration salariale de 40%. En outre, des mesures complémentaires doivent être prises pour garantir qu'un salarié ne pourra pas travailler plus que la durée maximale légale hebdomadaire, à savoir 48 heures, ni effectuer plus de 150 heures supplémentaires par an.
Actuellement le droit du travail grec fixe à 8 heures la durée de travail quotidienne. Les salariés ont la possibilité d'effectuer jusqu'à deux heures supplémentaires par jour, dans la limite de cinq heures supplémentaires par semaine.
Augmenter les salaires et lutter contre les pénuries de main-d'oeuvre
La proposition d'autoriser la journée de 13 heures survient un peu plus d'un an après le vote d'une loi légalisant la semaine de travail de six jours dans les entreprises privées qui fournissent des services 24 heures sur 24 et celles qui font face à une charge de travail accrue. Plus précisément, cette nouvelle législation autorise les employeurs à proposer aux salariés de travailler deux heures de plus par jour ou une journée supplémentaire de huit heures, en contrepartie, d'une majoration salariale de 40%.
Pour le gouvernement, ces mesures visant à "flexibiliser" le marché du travail apportent des réponses aux principales faiblesses de l'économie grecque. Car si le pays a réussi à redresser ses finances publiques au cours des dernières années, il affiche encore un niveau de productivité inférieur de 40% à la moyenne européenne. Les salaires y sont en conséquence parmi les plus bas de la zone euro tandis que plusieurs secteurs d'activité manquent cruellement de bras.
"Dans un marché du travail confronté à une pénurie de main-d'œuvre, nous cherchons à nous adapter pour mieux répondre aux exigences modernes du marché du travail", a justifié Nikos Milapidis, secrétaire général du ministère du Travail.
Les syndicats, eux, fustigent le projet du gouvernement. Dans un communiqué, la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE), a appelé à une nouvelle grève de 24 heures le 1er octobre pour exiger "le retrait du projet de loi du ministère du travail" et réclamer une réduction "du temps de travail à 37,5 heures par semaine".
Baisses d'impôts pour relancer la démographie
En parallèle du projet de loi sur le travail, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a également annoncé il y a quelques jours un programme d'allègements fiscaux pour 4 millions de contribuables, ce qui serait une première depuis 2018.
Objectif: lutter contre le déclin démographique qui risque d'aggraver les pénuries de travailleurs dans le pays. Ainsi, les baisses d'impôts sur le revenu profiteront dès l'an prochain aux familles et les familles avec au moins quatre enfants ne paieront pas du tout d'impôt sur le revenu, a assuré le Premier ministre.
La Grèce figure parmi les cinq pays européens ayant les taux de fécondité les plus bas, les femmes ayant en moyenne 1,4 enfant depuis des décennies alors que le taux de renouvellement d'une génération se situe à 2,1 enfants par femme. Depuis 2011, la Grèce compte 500.000 habitants en moins d'après les recensements effectués par les autorités grecques.