Embargo sur le pétrole, SWIFT: l'Union Européenne décrète son sixième paquet de sanctions

Sans toucher au gaz, l'Union Européenne étend son embargo. Après le charbon, c'est le pétrole russe qui sera définitivement banni de l'Union Européenne.
"Nous renoncerons progressivement aux livraisons russes de pétrole brut dans les six mois et à celles de produits raffinés d'ici à la fin de l'année", a détaillé Ursula von der Leyen à Bruxelles.
La présidente de la Commission Européenne a appuyé l'idée d'un embargo dessiné d'une "manière ordonnée, pour permettre à nos partenaires de sécuriser des approvisionnements alternatifs, et assurer la stabilité sur les marchés".
Elle a espéré que cette nouvelle sanction empêcherait la Russie "de se diversifier et de se développer" dans le financement de la guerre, alors que la situation budgétaire de Moscou n'est pas pour l'instant l'effondrement prévu, avec un rouble revenu à son niveau d'avant-conflit et de larges profits tirés de la hausse des cours de l'énergie.
Slovaquie et Hongrie exceptées jusqu'en 2023
Ursula von der Leyen n'a pas évoqué, en outre, les exceptions qui devront fatalement faire partie de la stratégie européenne sur le volet énergétique. Mais la Slovaquie et la Hongrie vont pouvoir continuer à acheter du pétrole russe jusqu'en 2023, du fait de leur extrême dépendance au pétrole d'outre-Oural via l'oléoduc Droujba, a appris Reuters de source européenne.
"Nous ne voterons pas pour des sanctions qui rendraient impossible l'approvisionnement de la Hongrie en pétrole ou en gaz", avait prévenu mardi le ministre des Finances hongrois Peter Szijjarto, dont le pays consomme 85% de pétrole russe.
En dépit de ces possibles exceptions, l'UE frappe fort le Kremlin, qui vend les deux-tiers de son or noir en Europe.
"De-swifting" et criminels de guerre
D'autres sanctions aggravent en outre cette décision principale : l'Union Européenne veut déconnecter Sberbank du réseau interbancaire mondial Swift. La banque, proche du Kremlin, pèse 37% du marché bancaire russe.
Aucun mot n'a été prononcé concernant la Biélorussie, en revanche, alors que Minsk joue les passeurs depuis le début du conflit. Mais "d'autres banques majeures" vont être exclues de Swift, pour "renforcer l'isolement de la Russie des marchés internationaux", a souligné la présidente de la Commission.
Le reste des sanctions annoncées couvre les hauts-fonctionnaires et militaires russes accusés de crime de guerre à Boutcha, et responsables du siège de Marioupol. L'UE annonce les avoir identifié et en établir la liste. "Nous savons qui vous êtes, et vous ne vous en tirerez pas", a asséné Ursula von der Leyen.
Un plan vers "l'Ukraine dans l'Union"
Elle a enfin esquissé l'idée d'un plan de soutien à long-terme pour couvrir les dégâts en Ukraine, chiffrés à plusieurs centaines de milliards d'euros. Alors que le pays va perdre "entre 35% et 50%" de son PIB cette année, elle a martelé l'objectif final de ce soutien : l'entrée de l'Ukraine dans l'UE.
Cela pourra combattre la corruption, et rapprocher les règlementations européennes et Ukraine. Ce plan ouvrira la voie à une Ukraine à l'intérieur de l'Union."
Bruxelles va lancer dès aujourd'hui les discussions à propos de ce plan coordonné, destiné à soutenir les secteurs économiques les plus touchés. A l'heure, 5 milliards sont déjà apportés tous les mois d'acteurs extérieurs vers l'Ukraine, pour maintenir les pensions de retraite, les salaires et les services publics de base.