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Elon Musk quitte le gouvernement américain: malgré les annonces fracassantes, il n'a finalement atteint que 8,5% de son objectif initial

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Le milliardaire a confirmé mercredi qu'il quittait comme "prévu" son poste à la tête du département de l'Efficacité gouvernementale. Avec un bilan mitigé au regard des objectifs initialement fixés.

130 jours après sa prise de fonction, Elon Musk a confirmé mercredi son départ comme "prévu" du gouvernement de Donald Trump au sein duquel il dirigeait le Doge, le département de l'Efficacité gouvernementale chargé de tailler dans les dépenses publiques américaines.

"Alors que ma période prévue en tant qu'employé spécial du gouvernement touche à sa fin, je voudrais remercier le président Donald Trump de m'avoir donné l'occasion de réduire les dépenses inutiles", a écrit le milliardaire sur son réseau social X.

Le patron de Tesla avait été nommé "employé spécial du gouvernement", un statut qui l'exemptait temporairement des règles régissant les conflits d'intérêt, pour une période de 130 jours, qui devait expirer autour du 30 mai. Il s'était fixé comme objectif de réaliser 2.000 milliards de dollars d'économies avant de revoir son ambition à la baisse, à 1.000 milliards de dollars d'économies. À l'heure du bilan, cette mission a-t-elle été remplie?

170 milliards de dollars

Selon les chiffres officiels, l'action d'Elon Musk à la tête du Doge a permis de réaliser environ 170 milliards de dollars d'économies, très loin donc de la promesse initiale. Par rapport à l'objectif affiché au début du mandat de 2.000 milliards, les économies réalisées ne représentent donc que 8,5% de ce montant.

L'homme d'affaires avait lui-même reconnu début mai que le Doge n'avait pas atteint ses objectifs initiaux, malgré des annonces plus fracassantes les unes que les autres, en particulier le limogeage de milliers de fonctionnaires et la dissolution ou réduction au minimum de plusieurs agences publiques.

Au total, plus de 280.000 agents fédéraux sur 2,3 millions ont ou s'apprêtent à quitter leur emploi. Soit en raison d'un licenciement, soit parce qu'ils ont accepté un plan de départ volontaire, selon un décompte du New York Times relayé par Le Monde.

La volonté d'Elon Musk d'agir vite l'a toutefois conduit à commettre des erreurs. Comme lorsque certains des 350 licenciements d'agents essentiels au programme nucléaire américain avaient dû être annulés.

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Obstacles

Si Elon Musk n'a pas pu mener son action comme il l'entendait, c'est parce qu'il a rencontré divers obstacles sur son chemin. Donald Trump lui a notamment interdit de toucher au régime fédéral de retraite par répartition ainsi qu'à la couverture santé des plus pauvres. Deux programmes extrêmement coûteux mais populaires auprès des Américains.

Plusieurs articles de presse ont par ailleurs fait état de frictions récurrentes avec des ministres du gouvernement. Le milliardaire a ainsi perdu plusieurs bras de fer, notamment avec Marco Rubbio, le chef de la diplomatie américaine et Scott Bensent, patron du Trésor, qui lui aurait reproché les coupes budgétaires demandées à son ministère.

Enfin, la justice a aussi freiné les ardeurs du Doge en annulant des vagues de licenciements décidées par Elon Musk. En mars, un juge avait ainsi ordonné à six ministères de réintégrer des milliers de fonctionnaires fédéraux limogés. Selon lui, justifier ces licenciements massifs en invoquant de "mauvaises performances" constituait "un prétexte afin de contourner les obligations légales".

Quel avenir pour le Doge sans Musk?

Malgré le retrait de sa tête d'affiche, le département de l'Efficacité gouvernementale va poursuivre ses activités au moins jusqu'à l'été 2026 mais dans un rôle plus modeste puisqu'il sera centré sur la dérégulation. Haut-fonctionnaire, Russell Vought est pressenti pour en prendre la tête. Actuellement en charge du contrôle budgétaire, il a dit vouloir rendre permanente les coupes du Doge.

De son côté, Elon Musk a estimé dans le Washington Post que la bureaucratie fédérale est bien pire que ce qu'[il] pensait", a-t-il déclaré. "Je savais qu'il y avait des problèmes, mais c'est vraiment un parcours du combattant pour essayer d'améliorer les choses à Washington", a-t-il ajouté. Il a aussi déploré que le Doge soit "en passe de devenir le bouc émissaire pour tout".

"Quand quelque chose de mal se produit quelque part, on nous fait porter le chapeau pour ça, même si on n'a rien à voir avec", a-t-il regretté.

Musk "déçu" de Trump

Elon Musk a par ailleurs critiqué la "grande et belle loi" budgétaire poussée par son allié Donald Trump, dénonçant le creusement du déficit public qu'elle entraînerait. "J'ai été déçu de voir ce projet de loi de dépenses massives - franchement - qui augmente le déficit budgétaire", a-t-il dit mardi.

La "grande et belle loi", telle que l'a baptisée Donald Trump, est en cours d'examen au Congrès et a pour objectif de mettre en application certaines des promesses de campagne les plus importantes du républicain, comme la prolongation de ses gigantesques "crédits d'impôt Trump", adoptés lors de son premier mandat et qui expirent à la fin de l'année. Selon une analyse d'une agence parlementaire non-partisane, le texte en l'état entraînerait une hausse du déficit fédéral de 3.800 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.

"Je pense qu'une loi peut être grande ou elle peut être belle. Mais je ne sais pas si elle peut être les deux", a déclaré Elon Musk.
https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis avec AFP Journaliste BFM Eco