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Donald Trump annonce des taxes douanières de 100% sur les puces et semi-conducteurs, mais le principal exportateur exempté

Le président américain Donald Trump, à son arrivée à l'aéroport de Prestwick, au sud de Glasgow, le 25 juillet 2025.

Le président américain Donald Trump, à son arrivée à l'aéroport de Prestwick, au sud de Glasgow, le 25 juillet 2025. - parBRENDAN SMIALOWSKI / AFP Copier

Une surtaxe de 100% sur les puces et semi-conducteurs a été annoncée par Donald Trump, mercredi 6 août, afin d'inciter les entreprises étrangères à délocaliser leur production aux États-Unis.

Le président américain Donald Trump a annoncé, mercredi 6 août, qu'il comptait imposer 100% de droits de douane sur les "puces et semi-conducteurs", sans préciser, pour l'instant, la date d'entrée en vigueur de cette nouvelle taxe douanière.

"Nous allons mettre d'importants droits de douane sur les puces et semi-conducteurs", a-t-il déclaré depuis la Maison Blanche, "autour de 100%. Mais c'est une bonne nouvelle pour les entreprises qui les fabriquent aux États-Unis".

Après cette déclaration, Taïwan s'est empressé de préciser que le géant des semi-conducteurs TSMC était "exempté" des droits de douane annoncés par Donald Trump. Étant donné qu'il est "le principal exportateur de Taïwan, et qu'il dispose d'usines aux États-Unis, TSMC est exempté", a déclaré un responsable taïwanais, lors d'une réunion d'information au Parlement, ce mercredi. TSMC produit des puces utilisées dans tous les domaines technologiques, des iPhones d'Apple aux équipements d'intelligence artificielle de pointe de Nvidia.

100 milliards d'investissement de TSMC aux États-Unis

Liu Chin-ching, directeur du Conseil national de développement, a néanmoins précisé que d'autres fabricants de puces taïwanais "seront affectés" par la mesure. "Nous continuerons à observer la situation et à proposer des mesures d'aide à court et moyen terme", a-t-il expliqué.

Cela faisait plusieurs mois que le président américain, qui accuse Taïwan de saboter l'industrie américaine des semi-conducteurs, faisait planer cette menace. Pour se protéger en tant que plus grand fabricant de puces au monde, TSMC avait annoncé en mars investir la somme colossale de 100 milliards de dollars aux États-Unis pour y construire des usines.

La concentration de la fabrication de puces à Taïwan a longtemps été définie sous le concept de "bouclier de silicium", la protégeant d'une invasion ou d'un blocus de la Chine et incitant les États-Unis à la défendre face à Pékin. Cet investissement massif de TSMC pour éviter les droits de douane pourrait nuire à l'économie taïwanaise et affaiblir ce "bouclier".

Pour l'heure, l'exemption de droits de douane obtenu grâce à cet investissement permet à Taïwan est perçu comme une bonne nouvelle. Signe d'un marché soulagé, TSMC s'envolait à la mi-journée de presque 5% à la Bourse de Taipei. L'enjeu est massif: Taïwan a exporté pour 7,4 milliards de dollars de semi-conducteurs vers les Etats-Unis en 2024.

Taïwan est par ailleurs frappée par des surtaxes temporaires de 20% sur ses produits, à l'exception des semi-conducteurs, en l'attente de la signature d'un accord entre Taipei et Washington. L'archipel, que Pékin revendique comme faisant partie de son territoire, s'est également engagé à augmenter à acheter davantage d'énergie américaine, et à porter ses dépenses militaires à plus de 3% du PIB afin d'éviter les nouveaux droits de douane américains.

Les PME japonaises menacées

Au Japon en revanche, les menaces de Donald Trump ont bousculé les valeurs technologiques japonaises: Tokyo Electron, fabricant majeur d'équipements pour la production de puces, chutait de 2,73%. Le fabricant de semi-conducteurs Renesas plongeait de 3,44%.

Les PME japonaises du secteur "pourraient vaciller dans un premier temps (...) mais de nombreux équipements japonais sont indispensables à la plupart des fabricants de puces qui cherchent à accroître leur production américaine", tempère cependant Andrew Jackson, analyste de Ortus Advisors, cité par Bloomberg.

Les Etats-Unis pourraient exempter "les puces haut de gamme et machines de lithographie", mais un niveau de 100% "donnerait le coup de grâce aux producteurs de puces bas de gamme, en Malaisie, par exemple, ou aux exportateurs chinois de puces bon marché", ajoute-t-il.

La politique américaine pourrait toutefois avoir un effet paradoxal, avertit Chiang Min-yen, du Research Institute for Democracy, Society, and Emerging Technology à Taïwan. Les fabricants de puces historiques n'ayant pas les poches aussi profondes que TSMC pour investir aux Etats-Unis pourraient voir leur production déstabilisée par ces surtaxes "au risque de favoriser la concurrence déloyale chinoise", redoute-t-il.

Afin d'éviter de subir des droits de douane, plusieurs entreprises sud-coréennes ont suivi l'exemple de TSMC en investissant aux Etats-Unis. Le Sud-Coréen Samsung Electronics s'est par exemple associé à Texas Instruments pour construire des usines de puces aux Etats-Unis. Une stratégie pour l'heure payante, l'entreprise grimpait de 1,96% vers 04H30 GMT, à la Bourse de Taipei.

P.L. avec AFP