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Elle risquerait "une crise financière": la Corée du Sud dit ne pas pouvoir payer les 350 milliards de dollars d'investissements promis à Donald Trump

Lee Jae-myung et Donald Trump à la Maison Blanche, le 25 août 2025

Lee Jae-myung et Donald Trump à la Maison Blanche, le 25 août 2025 - MANDEL NGAN

En contrepartie de droits de douane réduits, la Corée du Sud s'est engagée à investir 350 milliards de dollars outre-Atlantique. Une promesse peut-être trop ambitieuse pour le pays asiatique.

Un accord mort-né? La Corée du Sud a fait savoir samedi qu’elle n’était pas en mesure de payer les 350 milliards de dollars d’investissements promis aux États-Unis dans le cadre d’un accord commercial conclu en juillet, rapporte Reuters.

En contrepartie de cette promesse, les droits de douane visant Séoul avaient été abaissés de 25 à 15%.

Mais pour la Corée du Sud, les 350 milliards de dollars évoqués devaient notamment prendre la forme de prêts ou de prises de participation. Or Donald Trump a assuré récemment que cet investissement devrait se faire "en amont", c'est-à-dire par un paiement immédiat. "Nous ne sommes pas en mesure de payer 350 milliards de dollars en espèces", a rétorqué Wi Sung-lac, directeur de la sécurité nationale de Corée du Sud.

"Notre position n’est pas une tactique de négociation. Objectivement et de manière réaliste, ce n’est pas un niveau que nous sommes en mesure de gérer", a-t-il ajouté.

Risque de "crise financière"

Séoul a notamment rappelé que cette somme représentait plus de 80% de ses réserves de change: "Si nous devions payer 350 milliards de dollars comme le réclament les États-Unis et investir dans ce pays cette somme en espèces, la République de Corée se retrouverait dans une situation similaire à celle qu’elle a connue lors de la crise financière de 1997", avait déclaré la semaine dernière le président coréen Lee Jae-myung.

"Nous discutons d’alternatives", a également indiqué Wi Sung-lac, ajoutant qu’il espérait finaliser l’accord avec Washington dans le cadre d’un sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) organisée par la Corée du Sud le mois prochain et auquel Trump devrait assister.

Des engagements flous

En échange de droits de douane réduits, plusieurs pays se sont engagés à investir des sommes faramineuses aux États-Unis. "Pour le Japon, ce sont 550 milliards de dollars et pour la Corée du Sud 350 milliards", s’est encore félicité Donald Trump la semaine dernière. L’Union européenne a de son côté promis 600 milliards de dollars d’investissements outre-Atlantique.

Reste que la manière dont ces accords doivent concrètement s’appliquer ne semble pas encore avoir été clairement établie. L'institut Rexecode soulignait notamment "le flou" quant à la "nature" exacte des investissements avancés par l'UE.

"Il est plausible qu’une part significative de ce montant corresponde en réalité à des réinvestissements dans la dette souveraine américaine arrivant à échéance, autrement dit à un simple roulement financier plutôt qu’à de véritables investissements directs dans l’économie réelle américaine, comme des implantations industrielles", écrivait l'institut en juillet.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco