Trump menace les pays qui "s'alignent" avec les Brics d'une sanction de 10% de droits de douane supplémentaires

Le Premier ministre indien Narendra Modi et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva (photo d'illustration). - Mauro PIMENTEL / AFP
Ce sont de "sérieuses préoccupations". Les Brics ont exprimé dimanche à Rio de Janeiro leurs craintes face à la guerre commerciale menée par Donald Trump, qui a en retour menacé d'imposer des droits de douane supplémentaires au bloc des onze grands pays émergents et à ceux qui "s'alignent" sur eux.
"Nous exprimons de sérieuses préoccupations face à l'augmentation de mesures douanières et non-douanières unilatérales qui faussent le commerce", affirment dans une déclaration les dirigeants du groupe menés par le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud, réunis pour deux jours.
De telles mesures "affectent les perspectives de développement économique mondial", alertent les Brics, qui représentent près de la moitié de la population mondiale et 40% du PIB de la planète.
Mais les dirigeants n'ont pas nommé les États-Unis et Donald Trump, alors que de nombreux pays, dont la Chine, sont engagés dans des négociations avec Washington sur ce lourd dossier.
Le président américain a réagi sur la plateforme Truth Social. "Tout pays s'alignant sur les politiques anti-américaines des Brics se verra appliquer un droit de douane SUPPLEMENTAIRE de 10%. Il n'y aura pas d'exception à cette politique", a-t-il écrit.
Il a également annoncé que les premières lettres menaçant de droits de douane exorbitants les pays récalcitrants à conclure un accord commercial avec Washington seront envoyées lundi à 16H00 GMT.
Le ministre américain du Trésor Scott Bessent avait auparavant affirmé que faute d'accord avec Washington dans les prochains jours, les surtaxes - pouvant atteindre 50% - entreraient en vigueur le 1er août.
"Effondrement"
"Nous assistons à un effondrement sans précédent du multilatéralisme", a déploré à l'ouverture l'hôte du sommet, le président brésilien de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.
Le rendez-vous annuel des Brics est en outre affaibli par l'absence de plusieurs poids lourds. Le président chinois Xi Jinping n'y participe pas pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 2012, alors que son pays est la puissance dominante du bloc.
Le président russe Vladimir Poutine, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crime de guerre présumé en Ukraine, n'a pas non plus fait le déplacement, mais a célébré en visioconférence "l'autorité et l'influence" des Brics.
Quant à la délégation d'Arabie saoudite, pays allié des États-Unis, elle n'a pas participé aux séances plénières, selon une source gouvernementale brésilienne qui n'a pas fourni d'explication.
Contexte géopolitique
La situation au Moyen-Orient s'est aussi imposée dans les discussions, occasionnant des tiraillements avec l'Iran, membre des Brics depuis 2023 et qui sort très affaibli d'une guerre de douze jours avec Israël et les États-Unis.
Les Brics ont "condamné les attaques militaires" contre l'Iran en juin, dénonçant une "violation du droit international". Ils n'ont toutefois pas cité les États-Unis et Israël, dont l'objectif était d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire, une ambition démentie par Téhéran.
Dans leur déclaration, les pays émergents réclament aussi un "cessez-le-feu immédiat" et le "retrait complet" des forces israéliennes de la bande de Gaza, où elles sont en guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas depuis 21 mois.
"Régulation" de l'IA
Créé pour rééquilibrer l'ordre mondial au bénéfice du "Sud global" face à l'Occident, le groupe des Brics s'est élargi depuis 2023 avec l'Arabie saoudite, l'Égypte, les Émirats arabes unis, l'Éthiopie, l'Iran puis l'Indonésie.
Mais en grossissant, le groupe est devenu de plus en plus hétéroclite, compliquant l'élaboration de positions communes.
Dans un texte distinct, les Brics ont d'une même voix appelé à une "régulation" dans le secteur de l'intelligence artificielle, en pleine expansion. Ils ont réclamé une "protection des droits de propriété intellectuelle" et de "justes mécanismes de rémunération".
"Le développement de l'intelligence artificielle ne peut être réservé à quelques pays ou être un moyen de manipulation aux mains de milliardaires", a lancé Lula.