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"Dégénérés budgétaires": opposé à la revalorisation des retraites, Javier Milei insulte les sénateurs argentins

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Une manifestation massive est attendue en Argentine, à la suite du veto présidentiel sur le projet de rattrapage des retraites, porté par l'opposition.

Le parlement argentin débattait mercredi d'un veto présidentiel sur la sensible question des retraites, un test d'autorité législative pour le président ultralibéral Javier Milei, sur fond d'une manifestation pressentie comme la plus massive depuis plusieurs mois.

La Chambre des députés a commencé à la mi-journée une session extraordinaire pour débattre d'un veto présidentiel opposé il y a dix jours à une loi adoptée par le Sénat, qui prévoyait un rattrapage des retraites fortement impactées aux premiers mois de gestion Milei par la dévaluation et l'austérité budgétaire.

Droit de veto

Le texte prévoit un rattrapage de 8,1% -la retraite minimum en Argentine est de 225.454 pesos (230 dollars)- et ce indépendamment du futur régime des retraites, qui doit désormais être indexé sur l'inflation.

Le président Milei s'est opposé avec virulence à ce coup de pouce, traitant les sénateurs de "dégénérés budgétaires" et les accusant d'irresponsabilité qui se paiera en points de croissance.

Depuis décembre, le président applique une austérité drastique qui s'est traduite par plusieurs équilibres budgétaires mensuels, fait sans précédent depuis 15 ans, mais aussi par une forte récession.

Le veto présidentiel peut en théorie être invalidé si dans chaque chambre du parlement, les deux tiers votent en ce sens. L'enjeu de tractations ces derniers jours pour Javier Milei, dont le petit parti libertaire est minoritaire, était de réunir des alliances, pour que ces deux tiers ne soient pas atteints et que son veto tienne.

L'oppositon en marche

À l'extérieur du Parlement, les forces de sécurité, déployées en nombre, se préparaient à une des manifestations les plus importantes depuis des mois, rassemblant des retraités aux rangs gonflés par des syndicats et mouvements sociaux proches de l'opposition péroniste ou de la gauche radicale.

"Nous supposons que des actes de violence sont planifiés (...) En vertu de quoi, une opération de sécurité spéciale va être menée. Attaquer le Parlement, c'est attaquer la démocratie", a mis en garde mardi le porte-parole présidentiel.
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Des députés d'opposition ont dénoncé, à l'instar de Cecilia Moreau (péroniste, centre-gauche), "un dispositif de sécurité démesuré. On dirait qu'on va à la guerre, pas à une session parlementaire". La dernière manifestation massive contre les réformes Milei remonte à avril: des centaines de milliers de personnes s'étaient mobilisées dans le pays pour défendre l'université publique, amenant le gouvernement à une marche arrière partielle sur le financement.

Après neuf mois de gouvernement et sur fond d'inflation en décélération (environ 4% mensuels), le président argentin Milei conserve dans les sondages une image positive oscillant autour de 50%, il avait été élu en décembre avec 55% des voix.

ELL avec AFP