Crise en Géorgie: les scénarios possibles

Deux présidents pour un seul siège. Mikheil Kavelashvi, seul candidat en lice, a été élu par un collège électoral, dominé par le parti au pouvoir "Rêve géorgien". C’est un homme d’extrême-droite, proche de la Russie, comme l’est sa formation. Âgé de 53 ans, cet ancien footballeur n’a aucune expérience politique, ni diplômes.
Salomé Zourabichvili, dont le mandat se termine à la fin du mois, insiste: elle ne partira pas. La présidente refuse de reconnaitre la légitimée de son successeur. Pour elle, les législatives d’octobre ont été "volées avec l’aide de la Russie".
"Pour que la paix et la justice règnent dans le pays, de nouvelles élections sont nécessaires" dit-elle.
Vers un compromis?
Si la contestation se poursuit et se durcit, le gouvernement pourrait lâcher du lest et décider de revenir sur certaines de ses décisions les plus controversées, comme celle de suspendre les négociations l'adhésion à l'Union Européenne. Une pression internationale forte, couplée à la pression interne, pourrait peut-être même aboutir à l’organisation de nouvelles législatives.
"L’Europe dispose de leviers d’influence importants", estime Thorniké Gordadzé, ex-ministre géorgien de l’Intégration européenne.
Mais à voir la sévérité de la répression, il est difficile d’envisager de telles concessions de la part des autorités.
Scenarios biélorusse et ukrainien
Face à cette violence, la possibilité d’un scénario à la biélorusse est évoquée. En 2020, après la réélection frauduleuse d’Alexandre Loukachenko, les manifestations avaient été sévèrement réprimées avec le soutien de Moscou. Violences systématiques, arrestations en masse et verrouillage des institutions, le pouvoir géorgien pourrait être tenté de s'inspirer des méthodes du régime biélorusse pour se maintenir en place.
La possibilité d’une révolution, qui chasserait "Rêve géorgien" du pouvoir n’est pas non plus à exclure. Une telle éventualité serait susceptible de provoquer la colère de la Russie. Le Kremlin a d’ailleurs déjà dressé un parallèle entre la situation géorgienne et la révolution de Maïdan. C’est dans la foulée du renversement du président prorusse Ianoukovitch, en 2014, que la Russie avait annexé la Crimée.
"Tragiquement, ce à quoi nous assistons aujourd'hui en Géorgie est précisément un scénario ukrainien - mais d'un genre différent" a déclaré Dmytro Kuleba, ex-ministre ukrainien des Affaires étrangères.
Si ce scénario est le plus extrême ce n’est pas le plus probable. La peur de la guerre était le principal argument électoral brandi par le parti au pouvoir avant les législatives. Il en joue. Est-ce une raison pour ne pas le prendre au sérieux? La prudence voudrait que non.
Ce qui est sûr, c’est qu’aucun des deux camps n’est prêt à céder et que la Géorgie est à un point de bascule. Les manifestants continuent d’agiter les drapeaux bleus et or de l'Union européenne. Ils sont prêts à se battre pour leur avenir, mais peuvent-ils compter sur le soutien des occidentaux et si oui, dans quelle mesure ? Les jours à venir nous le diront.