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Corée du Sud: qui dirige actuellement le pays?

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La Corée du Sud s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos politique. Le président est toujours menacé de destitution.

Yoon Suk Yeol n’a aucune intention de sortir par la petite porte. Il "se battra jusqu'à la dernière minute", dit-il. Le chef de l’Etat a échappé de peu à une motion de destitution. Il a été sauvé par son parti. Un nouveau vote est prévu samedi.

Depuis le début des évènements, à chaque jour son lot de rebondissements. Le désormais ex-ministre de la Défense a tenté de se suicider en détention mardi. Hier, la police a été entravée dans sa perquisition du bureau présidentiel, empêchée d'accéder au bâtiment par des agents de sécurité. La confrontation a durée plus de 3h selon l’opposition qui s’indigne.

"Ce que le bureau du président et les services secrets protègent, ce n'est pas un chef d'État, mais un insurgé. Par conséquent, interférer avec un raid de police constitue une participation à l'insurrection en protégeant les insurgés", a déclaré Jo Seung-lae, porte-parole du Parti démocrate.

L’opposition est accusée de provoquer "une crise nationale" par le président. Ce dernier, visé par une enquête pour "rébellion", a interdiction de quitter le territoire.

Qui est en charge?

Une question aujourd’hui: qui est aux commandes de la Corée du Sud? Et il est bien difficle d'y répondre.

"Personne ne sait qui est à la tête de l’armée et même le bureau de la présidence est incapable de dire qui est à la tête du pays » déclare Karl Friedhoff, expert de la politique coréenne au Chicago Council on Global Affairs.

Le PPP, le parti conservateur du chef de l’état, explique avoir obtenu de lui sa "promesse" de se retirer et de laisser la gouvernance à sa formation ainsi qu'au Premier ministre.

Sauf qu’il s’agit d’"une violation flagrante de la Constitution, sans aucune base légale", fustige l’opposition. Les juristes le confirment, certains parlent même d’une "farce".

Certains s’inquiètent pour la démocratie. Les institutions ont été proches de vaciller la semaine dernière. La situation est aujourd’hui aussi volatile qu’incertaine.

Un voisin attentif

Et Pyongyang observe tout cela avec beaucoup d’attention. La crainte depuis le début de cette crise, c’est que la Corée du nord ne décide d’exploiter les failles, la fragilité de son voisin.

"C’est une situation dangereuse, surtout si l’on considère l’environnement sécuritaire dans la péninsule", confie un diplomate européen au Financial Times. D’autant que le régime de Kim Jong Un se porte bien, il est solide, particulièrement grâce au soutien de Moscou.

Les médias officiels nord-coréens se moquent du "chaos" dans lequel sont plongés les sud-coréens. Ils évoquent une "mise en lumière des vulnérabilités" du pays.

Quelle serait la capacité de Seoul à réagir en cas de provocation nord-coréenne? La Corée du Sud est actuellement sans ministre de la Défense. Le fait de ne pas savoir qui commande l’armée est particulièrement préoccupant pour de nombreux observateurs.

Une armée qui, en plus, est loin d’être en ordre de bataille. Selon un ex-officier supérieur, la plupart des soldats n’ont pas l’intention de répondre aux ordres du président. Beaucoup "obéiront au Premier ministre". Ce n’est "pas une situation idéale", admet-il.

Caroline Loyer