Confrontés à une pénurie d'œufs, les États-Unis cherchent à se fournir en Europe

Il avait promis de rapidement faire baisser les prix dès son investiture. Mais deux mois après son arrivée à la Maison Blanche, force est de constater que Donald Trump n'est toujours pas parvenu à résoudre la crise des oeufs aux États-Unis.
Depuis plusieurs mois, le pays est confronté à une pénurie en raison de l'épidémie de grippe aviaire qui a déjà décimé plus de 26 millions de poules pondeuses depuis le début de l'année. Résultat: les prix ont flambé de 59% sur un an en février, après +96% en janvier. À titre d'exemple, la boîte de douze oeufs atteint aujourd'hui 8,47 dollars en moyenne à New York, et dépasse les 15 dollars par endroits, selon une étude parue récemment. De quoi agacer les Américains qui sont de gros consommateurs d'oeufs (277 œufs consommés par habitant et par an en moyenne).
Le gouvernement américain, qui peine à enrayer ce phénomène tout sauf anecdotique, s'est résolu à prendre contact avec certains pays européens, dont le Danemark, pour leur demander quelle quantité d'œufs ils seraient prêts à fournir aux États-Unis, rapporte Reuters.
"Nous attendons toujours de recevoir davantage de directives de Washington sur les prochaines étapes, mais avez-vous une estimation du nombre d'œufs qui pourraient être fournis aux États-Unis (en supposant qu'ils répondent à toutes les exigences d'importation)", peut-on lire dans une lettre adressée par le Département de l'Agriculture à plusieurs pays européens producteurs.
Un accord avec la Turquie
Cette demande a été accueillie avec étonnement par certains producteurs alors même que l'administration Trump a lancé une guerre commerciale contre l'Europe et que le président américain a menacé d'annexer le Groenland, territoire de la Couronne danoise.
L'Association danoise des producteurs d'œufs a néanmoins confirmé avoir reçu cette lettre et indiqué qu'elle examinerait la demande américaine, tout en prévenant qu'il n'y avait pas de surplus de production en Europe.
"Il y a une pénurie d'œufs partout à l'échelle mondiale parce que la consommation augmente et que beaucoup (de pays) sont touchés par la grippe aviaire", a-t-elle souligné.
Les Pays-Bas et la Pologne auraient également été destinataires de la lettre du Département de l'Agriculture. De même que les producteurs suèdois et norvégiens. Reste que beaucoup d'entre eux jugent que la demande américaine risque de se heurter aux règles d'hygiène en vigueur car les oeufs doivent être lavés pour être exportés aux États-Unis, ce qui n'est pas autorisé dans l'UE.
En attendant d'éventuels importations des pays de l'UE, les États-Unis, qui prévoient d'importer des œufs pour un milliard de dollars, ont signé un accord avec la Turquie pour l'achat de 420 millions d’œufs cette année, soit six fois plus qu'en temps normal. Un niveau qui demeure toutefois insuffisant pour répondre à la pénurie.