Ces premiers signes qui montrent que les droits de douane commencent à faire grimper les prix aux États-Unis

La surenchère douanière de Donald Trump va-t-elle faire monter les prix aux États-Unis ? Alors qu'a été récemment publié le dernier indice des prix à la consommation (CPI), de premiers signes semblent montrer que les droits de douane imposées par l'administration Trump pourraient commencer à se répercuter sur les consommateurs américains, malgré les dénégations du président américain, rapporte CNN.
"Certes, les prix n'augmentent pas aussi rapidement qu'il y a quelques années", telle que la forte inflation constatée en 2022 dans le sillage de la guerre en Ukraine, mais "je pense que les consommateurs vont commencer à voir plus d'augmentations de prix à l'épicerie, chez Amazon et ailleurs", a observé Gus Faucher, vice-président senior et économiste en chef de PNC Financial Services Group, auprès de CNN.
Jouets, chaussures, meubles...
"Les consommateurs vont commencer à se sentir un peu plus tendus au cours des prochains mois, car nous verrons davantage l'impact des tarifs répercutés par les entreprises sur les consommateurs", a-t-il poursuivi. Selon l'indice CPI, les prix à la consommation ont augmenté de 0,2% en juillet par rapport au mois précédent, mais ils ont été contenus par une forte baisse du coût du pétrole au cours de la période.
Bien que les données mensuelles puissent être très volatiles, certaines catégories de produits laissent entrevoir une augmentation des prix aux États-Unis sur les derniers mois, notamment celles dont les approvisionnements dépendent des importations, souligne CNN en s'appuyant sur le dernier indice CPI pour le mois de juillet 2025.
Ainsi, les jouets ont vu leurs prix se renchérir de 0,2% en juillet après avoir déjà augmenté de 1,8% en juin et de 1,3% en mai. Les appareils électroménagers, s'ils ont vu leurs prix descendre de 0,9% en juillet, avaient constaté l'inverse en juin (+1,9%) et en mai (+0,8%). Meubles et literie ont vu les hausses de prix s'accélérer en juillet (+0,9%, après +0,4% en juin et –0,8% en mai). Outils et quincaillerie naviguent aussi sur une trajectoire à la hausse (+1,2% en juillet après +1,2% en juin et +1,1% en mai).
Les équipements extérieurs (+2,2% en juillet après -0,1% en juin et +0,5% en mai) et les articles de sport (+0,4% en juillet après +1,4% en juin et +0,3% en mai) montrent également des signes d'inflation. Les prix des vêtements, en grande partie importés, restent pourtant stables (+0,1% en juillet après +0,4% en juin et –0,4% en mai). Mais cette relative stabilité cache une forte hausse des prix des chaussures (+1,4% en juillet après +0,7% en juin et –0,4% en mai) à l'intérieur de cette dernière catégorie.
"Aucune preuve d'une inflation"
"Certains biens augmentent à cause des droits de douane mais cela ne touche pas encore significativement les consommateurs, aidés en cela par le carburant peu cher", estime Heather Long, économiste pour la banque Navy Federal Credit Union, auprès de l'AFP. Toutefois, selon elle, "ce n'est qu'une question de temps avant que d'autres biens se renchérissent", alors même que Donald Trump a promis au cours de la campagne présidentielle de rendre du pouvoir d'achat aux Américains.
Pour l'heure, les conséquences tardent à se faire sentir auprès des consommateurs américains : les entreprises ont rempli leurs entrepôts avant leur entrée en vigueur, les surcoûts ont été répartis le long de la chaîne d'approvisionnement et tout n'est pas encore entrer en vigueur. L'inflation liée aux droits de douane "ne va pas se produire de manière brutale, mais plutôt par une lente détérioration du pouvoir d’achat", a affirmé Joe Brusuelas, économiste en chef de RSM US, auprès de CNN.
Du côté de la Maison Blanche, l'analyse est tout autre. "Les droits de douane n'ont pas causé d'inflation ni aucun autre problème à notre pays", a affirmé Donald Trump sur sa plateforme Truth Social. "Il n'y a toujours aucune preuve d'une inflation induite par les droits de douane", a par ailleurs affirmé à la chaîne de télévision américaine CNBC l'un de ses conseillers économiques, Stephen Miran.