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Bolsonaro, l'ancien président et allié de Trump risque 40 ans de prison: le président américain impose 50% de droits de douane au Brésil en représailles

Le président américain Donald Trump à Turnberry, au sud-ouest de l'Écosse, le 28 juillet 2025.

Le président américain Donald Trump à Turnberry, au sud-ouest de l'Écosse, le 28 juillet 2025. - CHRISTOPHER FURLONG / POOL / AFP

Le président américain Donald Trump a signé mercredi 30 juillet un décret portant les droits de douane sur les produits brésiliens de 10 à 50%. Il avait menacé ces dernières semaines Brasilia d'imposer une telle surtaxe en représailles aux poursuites lancées contre l'ex-président brésilien Jair Bolsonaro, poursuivi pour une tentative de coup d'Etat après sa défaite lors de l'élection présidentielle en 2022.

Donald Trump hausse sévèrement le ton. Mercredi 30 juillet, le président américain a signé un décret imposant 40 points de pourcentage de droits de douane supplémentaires sur les produits importés du Brésil, ce qui prote au total, la surtaxe à 50%.

Selon le décret, publié sur le site de la Maison Blanche, la surtaxe, qui entrera en vigueur à partir du 6 août, se justifie par "la menace inhabituelle et extraordinaire que constitue le Brésil pour la sécurité nationale, l'économie et la politique étrangère des États-Unis".

Fort de ce soutien américain, le fils de l'ancien président, Eduardo Bolsonaro, s'est dit "très reconnaissant", appelant "les autres leaders du monde libre à s'unir aux Etats-Unis".

Le président des États-Unis avait menacé ces dernières semaines Brasilia d'imposer une telle surtaxe, en représailles aux poursuites lancées contre l'ex-président du Brésil Jair Bolsonaro, poursuivi pour une tentative de coup d'État après sa défaite lors de l'élection de présidentielle en 2022.

Et les États-Unis n'en sont pas à leur premier coup, pour soutenir Jair Bolsonaro.Le département du Trésor américain a d'abord pris des sanctions visant Alexandre de Moraes, le juge de la Cour suprême brésilienne, que Washington accuse de "détentions arbitraires" et de non-respect de "la liberté d'expression".

Le Trésor estime en effet que le juge a profité de sa position pour "cibler des opposants politiques, notamment l'ex-président Jair Bolsonaro, des journalistes, des réseaux sociaux américains et d'autres entreprises américaines et internationales".

"Chasse aux sorcières"

"Alexandre de Moraes s'est octroyé le droit d'être juge et jury pour orchestrer une chasse aux sorcières illégale contre des citoyens et entreprises américaines et brésiliennes. Les sanctions de ce jour rappellent que le Trésor tiendra pour responsable ceux qui menacent les intérêts américains et la liberté de nos citoyens", a déclaré le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, cité dans un communiqué.

Ces sanctions entraînent le gel de l'ensemble des avoirs détenus par Alexandre de Moraes aux États-Unis ainsi que l'interdiction pour des citoyens ou entreprises américaines de faire affaire avec le juge brésilien, sous peine de poursuites.

Elles viennent compléter celles annoncées par le département d'État le 18 juillet, qui visaient tous les juges de la Cour suprême ainsi que leurs proches parents, qui sont tous désormais interdits d'entrer aux États-Unis.

"Que cela serve d'avertissement à ceux qui voudraient bafouer les droits de leurs concitoyens. Une robe de juge ne peut pas vous protéger", a réagi sur X le secrétaire d'État américain, Marco Rubio.

Le gouvernement brésilien a qualifié ces sanctions d'"arbitraires" et d'"injustifiables", et y voit "une attaque grave et inacceptable contre la souveraineté" du Brésil, d'après un communiqué de l'Agence brésilienne pour la défense légale de l'Etat (AGU).

La ministre en charge des Relations institutionnelles du Brésil, Gleisi Hoffmann, a de son côté exprimé le "rejet total du gouvernement Lula" envers ces sanctions.

Bolsonaro risque 40 ans de prison

Le procès de Jair Bolsonaro pour une tentative présumée de coup d'État contre l'actuel président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva doit s'achever dans les prochaines semaines. L'ex-chef d'État (2019-2022), âgé de 70 ans, risque plus de 40 ans de prison.

Outre le port d'un bracelet électronique, Jair Bolsonaro est contraint de rester chez lui soir et week-end, et interdit de recourir aux réseaux sociaux et de contacter ambassades et autorités étrangères.

Les autorités brésiliennes ont également adopté une posture très ferme concernant la lutte contre la désinformation, la Cour suprême ayant durci en juin 2024 la régulation des réseaux sociaux.

Le juge Moraes avait bloqué durant 40 jours X au Brésil, jusqu'à ce que le réseau du multimilliardaire Elon Musk se conforme aux ordres de supprimer des comptes accusés de diffuser des infox.

Pour les mêmes raisons, il a ordonné en février le blocage de la plateforme vidéo Rumble, prisée des conservateurs américains.

CR avec AFP