Accusant la "taxe astronomique qui rend la France moins compétitive", Ryanair supprime trois dessertes dans l'Hexagone

Le directeur général de la compagnie aérienne à bas prix irlandaise Ryanair, Michael O'Leary, lors d'une conférence de presse à Bruxelles le 29 janvier 2025. - AFP
Ryanair hausse le ton. En guerre contre la taxe de solidarité sur les billets d'avion, la compagnie irlandaise a annoncé ce mercredi 30 juillet une réduction de 13% de sa capacité en France pour cet hiver.
"Cette taxe astronomique rend la France moins compétitive par rapport à d'autres pays de l'UE comme l'Irlande, l'Espagne ou la Pologne, qui n'imposent aucune taxe aérienne", a expliqué dans un communiqué la compagnie aérienne.
Conséquence, Ryanair a annoncé l'arrêt de ses opérations aux aéroports de Bergerac (Dordogne) Brive (Corrèze) et Strasbourg (Bas-Rhin).
"Cette décision fait suite à l'échec du gouvernement français à annuler l'augmentation excessive de la taxe aérienne, qui a été augmentée de 180% en mars 2025", a expliqué dans un communiqué la compagnie aérienne irlandaise.
La taxe de solidarité sur les billets d'avion (TSBA) est passée à 7,4 euros contre 2,63 euros auparavant pour les vols intérieurs ou vers l'Europe.
La compagnie s'est aussi fait menaçante pour l'été 2026.
"Sans action urgente, la France risque de perdre encore plus de capacité et d'investissements au profit de marchés plus compétitifs à l'horizon de l'été 2026, laissant les aéroports régionaux à moitié vides, tandis que d'autres pays de l'UE continueront d'attirer les investissements des compagnies aériennes, devenus rares en raison de la pénurie d'avions", a-t-elle souligné.
99% de l'aéroport de Beauvais
Au contraire, si le gouvernement décidait de supprimer complètement cette taxe, Ryanair pourrait "envisager une croissance ambitieuse en France dans les années à venir, incluant un investissement de 2,5 milliards de dollars (25 nouveaux avions) et un doublement du trafic à plus de 30 millions de passagers par an.
L'Union des aéroports français (UAF) avait mis en garde contre le risque de voir les compagnies aériennes à bas coûts, qui pèsent plus de 99% de l'activité de Beauvais, Carcassonne, Béziers et Nîmes, se détourner de la France en raison de l'augmentation de cette taxe.
En mars dernier, la compagnie avait prévenu qu'elle allait "réduire" ses opérations dans l'Hexagone.
"Nous allons réduire nos capacités en région en France cette année de 4 ou 5%", avait déclaré Michael O'Leary, le patron de la compagnie, en marge d'une réunion du lobby européen des compagnies aériennes A4E à Bruxelles.
"La triste vérité est que la France ne croît pas autant" que d'autres pays européens, a affirmé le dirigeant de la compagnie à bas coûts, la première du Vieux Continent en nombre de passagers transportés.
"Cette année, par exemple, en Italie, nous allons passer de 60 à 65 millions de passagers. En France, nous allons réduire je pense de 12 à 11 millions", avait-il détaillé.
La semaine dernière, Ryanair s'en était de nouveau pris à la France suite à la grève des contrôleurs aériens qui aurait causé le retard de 6,5 millions de passagers en Europe. Le patron irlandais avait appelé Bruxelles à la rescousse.
"Il est tout simplement inacceptable que la Commission continue de rester les bras croisés, laissant le marché unique être fermé par un petit nombre de contrôleurs aériens français", avait insisté Michael O'Leary lundi dans une présentation diffusée sur internet.