"Aucune entreprise française n'est partie" de Russie

La guerre en Ukraine est entrée dans son 26ème jour ce lundi. Depuis le début du conflit, les entreprises françaises installées en Russie sont appelées à cesser leur activité dans le pays. Certaines font face à un dilemme et hésitent encore à partir.
D'un côté, l'Ukraine les accuse de continuer à faire des profits "quand nos enfants meurent et que nos villes sont démolies". De l'autre, la Russie menace de nationaliser les entreprises qui cessent leur activité en Russie.
"Aucune entreprise française n'est partie", assure Pavel Chinsky, directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie France-Russie, invité du Grand Journal de l'Eco ce lundi.
"Quand on dit partir, cela signifie mettre la clé sous la porte, renvoyer les effectifs, rendre les bureaux, fermer les hangars. Aujourd'hui, les seules entreprises dont on peut dire qu'elles sont réellement parties sont anglo-saxonnes", affirme-t-il, précisant que "nos collègues européens sont sur la même ligne".
Appel à maintenir l'activité en Russie
Ce lundi, des salariés Leroy Merlin Ukraine ont demandé à l'enseigne française, ainsi qu'aux autres enseignes de l'association familiale Mulliez (AFM) présentes en Russie (Auchan et Decathlon), d'y cesser leurs activités, alors qu'un magasin Leroy Merlin a été bombardé dimanche soir à Kiev.
"Je comprends la douleur et le sentiment des salariés de Leroy Merlin. Mais je suis convaincu que la direction, comme beaucoup d'entreprises françaises, essaye de faire en sorte que les activités en Russie ne soient pas coupées", a commenté Pavel Chinsky, en faveur du maintien des entreprises dans le pays.
Une position qu'il a justifié sur BFM Business. Selon lui, "sanctionner ces entreprises, les mettre à la porte, c'est d'une certaine manière rassembler la classe moyenne autour du pouvoir, c'est contre-productif", reconnaissant que "c'est un discours difficile à entendre", surtout pour les "collègues ukrainiens dont les familles et les vies sont en danger".
Car en "appelant la Russie à se démocratiser" comme le souhaitent les Occidentaux, ils appellent "la Russie à faire prospérer sa classe moyenne car la démocratie est un régime de possédants". A l'inverse, "quand vous êtes pieds et poings liés, que vous dépendez de l'Etat qui peut vous enlever tout ce que vous avez du jour au lendemain, vous n'êtes pas tellement disposés à faire des choix entre une opposition et un pouvoir", assure Pavel Chinsky.
"Tout ce que les entreprises françaises ont fait depuis 20 ans, c'est de contribuer à renforcer une classe moyenne qui est aujourd'hui, très massivement, contre ce qui se passe", soutient le directeur général de la CCUI France-Russie.
Selon lui, les sanctions internationales "frappent essentiellement les classes moyennes et non pas les oligarques qui se comptent en doigts de pieds et de mains". Le directeur général de la CCI France-Russie assure qu'il n'y a "pas, aujourd'hui, de risque physique pour les ressortissants français qui continuent de vivre et de travailler en Russie".