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Arabie saoudite: l'infréquentable devenue incontournable

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LE MONDE QUI BOUGE. Des représentants américains et ukrainiens se rencontrent aujourd’hui à Djeddah. L’Arabie saoudite joue désormais un rôle central sur la scène diplomatique.

En l’espace de quelques années, l’Arabie saoudite est passée du statut d'infréquentable à celui d’incontournable. Des représentants américains et ukrainiens se retrouvent aujourd’hui à Djeddah. Il y a trois semaines, c’est à Riyad que s’étaient rencontrés les chefs de la diplomatie russe et américaine.

Le pays du Golfe est l’allié indéfectible des États-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais l’URSS a été le premier État à le reconnaître dans les années 30.

Et "il est de notoriété publique que Poutine entretient de très bonnes relations avec le prince héritier. Ils ont passé de très nombreuses heures à discuter des problématiques internationales", souligne le porte-parole du Kremlin.

Et puis, les relations sont aussi bonnes avec l’Ukraine à laquelle Riyad a accordé des centaines de millions de dollars d’aide depuis le début de la guerre. Tout cela semble faire du pays un médiateur idéal aux yeux des trois parties.

Retour en grâce

Mohammed Ben Salmane incarne ce retour en grâce sur la scène diplomatique internationale. Le prince héritier de 39 ans, s’efforce de lisser l’image du Royaume, longtemps au banc des nations -particulièrement isolé depuis l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en Turquie en 2018.

A la suite de cet évènement sordide, Joe Biden estimait que le pays du Golfe devait être traité en "paria". Au sommet du G20 à Buenos Aires cette même année, seul le président russe avait serré la main à "MBS".

Caroline Loyer : MBS, l'infréquentable devenu incontournable - 11/03
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Depuis ce dernier a redoré son blason. Il a joué rôle central dans des échange de prisonniers et accueilli un sommet de paix sur l'Ukraine en 2023 avec des représentants de plus de 40 pays.

Aujourd’hui, il met ses bonnes relations avec Poutine, au service de Donald Trump. Les deux dirigeants ont besoin l’une de l’autre. Le prince, qui a promis 600 milliards de dollars d’investissements aux États-Unis, "est un gars formidable" dit Donald Trump.

Un partenariat gagnant-gagnant?

Washington espère toujours voir l’Arabie saoudite rejoindre les Accords d’Abraham. Il y a aussi la question pétrolière: au Forum de Davos, le président américain a déclaré qu’il demanderait aux Saoudiens de baisser le prix du baril pour réduire de façon drastique les revenus russes. Mais MBS acceptera-t-il? Lui qui avait refusé d’accéder à cette même demande faite par la précédente administration.

L’objectif principal de Mohammed Ben Salmane c’est le développement économique du royaume. Le pays espère attirer des investissements américains, notamment dans les nouvelles technologies, l’énergie verte et l’intelligence artificielle.

"La priorité pour les Saoudiens c’est de réussir la vision 2030 ce qui implique qu'il n'y ait pas de confrontations au Moyen-Orient", selon Bertrand Besancenot, ancien ambassadeur de France en Arabie saoudite

D’où l’importance accordée à la diplomatie. Riyad a récemment renoué les liens avec Téhéran. Une réconciliation scellée sous l’égide la Chine. Ce qui ne plait pas vraiment à Donald Trump.

Le géant du Golfe tente aussi de jouer les médiateurs dans la guerre à Gaza. Devenu très critique à l’égard d’Israël, il exclut toute perspective de normalisation pour l’instant.

Alors les bons rapports de MBS avec Donald Trump survivront-ils à ces désaccords? L’Arabie saoudite parviendra-t-elle à attirer le président américain sur son sol pour sa première visite à l’étranger? En tout cas, elle l’espère.

Caroline Loyer