Intelligence artificielle: quels sont les métiers les plus menacés?

"Dans le monde, 40% des emplois seront touchés [par l'intelligence artificielle générative (IA), NDLR]. Et plus vous occupez un emploi qualifié, plus ce sera le cas. Ainsi pour les économies avancées, et certains pays émergents, 60% des emplois seront concernés", a déclaré la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva.
Ces données proviennent d'un rapport publié par le FMI à un moment stratégique, soit après la fermeture du CES de Las Vegas, où l'IA dominait les innovations, et avant l'ouverture du Forum économique mondial de Davos où les experts scrutent les conséquences économiques de cette révolution.
L'humain ne sera plus nécessaire?
Selon le rapport du FMI, l'IA pourrait accélérer les inégalités salariales, avec un effet négatif tout particulier sur les classes moyennes. Les salariés disposant d'ores et déjà de hauts revenus pourraient voir leur salaire "augmenter plus qu'à proportion" du gain de productivité que l'IA leur permettrait d'assurer.
De quels métiers s'agit-il? Le rapport n'entre pas dans ces prédictions. Selon Elon Musk, plus aucun travail humain ne sera nécessaire lorsque l'IA sera arrivée en totale maturité. Cette vision excessive est largement nuancée par de nombreuses études qui listent précisément les métiers à risque.
Dans un rapport publié en mars 2023, Goldman Sachs estime que si deux tiers des professions sont "exposées", toutes ne disparaîtront pas.
"L’IA aura un impact significatif sur le marché du travail, mais la plupart des emplois et des industries (...) seront plus susceptibles d’être complétés plutôt que remplacés", indique ce rapport en précisant que "l’IA générative pourrait remplacer jusqu'à un quart du travail en cours”.
Développeurs, conseillers, journalistes et maçons
Une étude d'OpenAI et Open Research menée l'an dernier avec l’Université de Pennsylvanie précise les professions qui risquent de disparaître. Ces nombreux secteurs sont concernés comme ceux des nouvelles technologies, des médias, de la formation, du marketing, du juridique, de la finance ou des services clients.
Les plus menacés seraient même les développeurs de programmes informatiques qui ne pourront aller plus vite et faire mieux que les IA qu'ils ont parfois mis au point. Dans ce domaine, la machine peut non seulement coder plus vite et sans erreurs, mais surtout en générer comme c'est déjà possible avec ChatGPT-4.
Les services clients sont également menacés de disparition à moyen terme. Ils seront remplacés par des chatbots capables de répondre précisément et à n'importe quel moment. En 2022, le cabinet Gartner assurait même que ces professions que dès 2027, ces systèmes seront "le principal canal de service client pour un quart des entreprises mondiales". Ce phénomène touchera aussi les conseillers téléphoniques, juridiques et financiers.
Les métiers manuels seront touchés comme les maçons qui devront un jour exercer avec des imprimantes 3D pilotées par un IA comme c'est déjà le cas en Chine.
Relancer la productivité
"Il est certain qu'il y aura un impact mais il peut être différent, que cela entraîne la disparition de votre emploi ou au contraire son amélioration. Dès lors, que faire de ceux qui seront touchés et comment partager les gains de productivité, que peut-on faire pour être mieux préparés?", s'est interrogée Kristalina Georgieva.
Pour le FMI, il s'agit désormais de ne plus perdre de temps pour se préparer à cette révolution. Et, selon le rapport, tous les pays ne sont pas encore sur la ligne de départ. Singapour, les Etats-Unis et le Canada sont les mieux préparés à l'intégration de l'IA. Reste les pays qui n'ont pas autant de moyens pour faire face à cet enjeu.
"Nous devons aller vite, leur permettre de profiter des opportunités offertes par l'IA. La vraie question sera de mettre de côté les craintes liées à l'IA pour se concentrer sur comment en tirer le meilleur avantage pour tous", a insisté la patronne du FMI.
D'autant que dans un contexte de ralentissement du rythme de la croissance mondiale, "nous avons terriblement besoin" d'éléments capables de relancer la productivité. "L'IA peut faire peur mais cela peut être également une immense opportunité pour tous", a conclu Kristalina Georgieva.
