INFO BFMTV. Totalenergies est sommée par la justice de désinstaller son controversé terminal méthanier flottant du Havre

Des militants de Greenpeace France déploient une banderole près du méthanier de TotalEnergies Cape Ann qui s'apprête à entrer dans le port du Havre, le 18 septembre 2023 - Lou Benoist © 2019 AFP
Totalenergies va devoir désinstaller le terminal méthanier flottant installé au Havre en urgence en 2023. C’est une décision du tribunal administratif de Rouen qui donne raison à l’association écologiste "Ecologie pour le Havre". Pour le juge, le maintien de cette infrastructure autorisée dans l'urgence en 2023 n'a plus de raison d'être alors que Totalenergies voulait la maintenir. "On demandait le démantèlement du terminal du fait qu’il avait été autorisé par l’urgence de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, rappelle Pierre Dieulefait, président de l’association "Ecologie pour Le Havre".
"Cette décision avait été prise pour 5 ans. Mais on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas de réalité de ces besoins d’approvisionnement: des livraisons de gaz il n’y en a pas eu depuis plus d’un an."
Le terminal méthanier est en réalité un bateau nommé Cape Ann, d’une capacité de 145.000m3, il est doté d’un système de regazéification. Il avait été installé en urgence en 2023 pour sortir de notre dépendance au gaz russe après l’attaque contre l’Ukraine et devait fournir 10% de notre approvisionnement en gaz. L'Europe était dépendante à 40% du gaz russe avant le déclenchement du conflit.
"Un régime juridique sur mesure pour Totalenergies"
Ce terminal flottant permet d’accueillir du gaz venu de Norvège, d'Algérie, du Qatar, des États-Unis, du Nigeria, d'Angola ou encore d'Égypte. Dans les faits, deux ans après sa mise en service, le terminal est à l’arrêt faute de livraisons de gaz.
"Un régime juridique sur mesure avait été construit pour Totalenergies qui voulait conserver cette porte d'entrée pour le gaz de schiste, estime Julien Bayou avocat de l’association et ancien député EELV.
"L'enjeu juridique c'était de faire appliquer une décision du Conseil Constitutionnel d'août 2022 qui reconnaissait la protection de l'environnement comme 'un des intérêts fondamentaux du pays' et qui autorisait le terminal 'à condition d'une menace grave sur l'approvisionnement en gaz'."
Le gaz, transporté à l'état liquide par bateau et regazéifié avant d'être injecté dans le réseau terrestre, était devenu une source d'énergie cruciale pour l'Europe, dépendante à 40% du gaz russe avant le conflit en Ukraine. Le Cape Ann, un navire mis à l'eau en 2010, est doté d'équipements de regazéification avec une capacité maximale de cinq milliards de mètres cubes par an, soit 10% de la demande française. Des méthaniers viendront l'alimenter avec du gaz provenant possiblement des pays cités plus haut.
Sollicitée par BFMTV, Totalenergies n'a pas encore commenté.